Nicolas Minvielle, Martin Lauquin et Olivier Wathelet, les auteurs de l’ouvrage « Maquetter : ces entreprises qui innovent avec les mains» définissent ainsi une maquette, c’est « une façon de se représenter un système rapidement pour réfléchir aux solutions optimales et les mettre à l’épreuve. » A la différence du prototype, la maquette est très en amont dans le processus. Elle permet à la fois de tester une idée, de recueillir du feedback pour améliorer cette première ébauche et de valider rapidement des étapes intermédiaires. La phase de maquettage peut laisser penser que tout le brainstorming a eu lieu précédemment et qu’elle en est l’aboutissement. En réalité, les auteurs montrent que la maquette contribue à la génération d’idées et en parle comme d’un « outil de stimulation de la pensée créative » :
« Maquetter booste la créativité. A priori, cette dimension de créativité n’est pas le critère le plus évident qui vienne à l’esprit lorsque l’on parle de maquettes. Qu’elles interviennent au début ou à la fin d’un processus d’analyse, on pourrait se dire qu’elles relèvent plus de la formalisation d’une idée et de son test que de son émergence. Et pourtant, le fait de maquetter peut bel et bien être utilisé comme technique de génération d’idées.
Alors que la vision classique du processus d’innovation voudrait que l’on commence avec la définition des opportunités (des idées), leur sélection, puis leur implémentation dans un produit final, nous proposons ici que la définition des opportunités (et donc l’idéation) puisse se faire directement avec des maquettes.
Une étude menée auprès des entreprises qui pratiquent le prototype a souligné que le fait de maquettes en phase de développement de concept permettrait, sous réserve que l’on se donne la liberté d’explorer des dimensions ignorées, de découvrir ce que les auteurs appellent des « connaissances inconnues » (du concepteur).
Au-delà du jeu de mots, l’étude menée démontre assez clairement la dimension exploratoire de la conception et de la manipulation de maquettes abouties. En l’occurrence, ce n’est pas tant le moment auquel on a recours à la maquette dans le processus d’innovation qui compte que le fait de se donner la liberté d’explorer des dimensions inconnues. Les auteurs parlent d’une culture de « prototrial ». La traduction est malaisée, mais l’on comprend les deux éléments clés de l’approche : « maquettes » et « essais » (de l’anglais trial) »
En outre, les maquettes présentent l’intérêt d’aider à lever la peur de l’échec : elles sont volontairement inabouties et sommaires, elles ont nécessité peu de temps de conception. Ainsi, s’apercevoir que telle ide maquettée doit être abandonnée au profit d’une autre plus prometteuse n’est pas perçu comme un échec en soi mais comme l’étape nécessaire d’un processus.
Et vous, avec vos équipes, quels nouveaux produits, services ou processus pourriez-vous maquetter ? Comment pourriez-vous donner vie à vos idées et générer encore plus d’idées ?