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Discours de l'ancien Premier Ministre Alain Juppé le jeudi 14 février 2019 à Bordeaux (texte intégral)

Publié le 14 février 2019 par Sylvainrakotoarison

(verbatim)
Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190213-alain-juppe.html
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190214-alain-juppe.html
Discours du maire Alain Juppé le 14 février 2019 à Bordeaux
C'est avec une profonde émotion que je m'exprime aujourd'hui devant vous.
Quitter cet Hôtel de Ville est pour moi un crève-cœur.
Comme vous le savez, j'ai accepté la proposition de Richard Ferrand, Président de l'Assemblée Nationale, de me nommer au Conseil Constitutionnel. C'est pour moi un honneur et je l'en remercie.
Mon entrée en fonction devrait se faire début mars après mon audition la semaine prochaine par la Commission des Lois de l'Assemblée Nationale, puis ma prestation de serment.
A cette date, j'aurai démissionné de tous mes mandats électifs -maire de la Ville et président de la Métropole de Bordeaux.
Je ne m'attendais nullement à cette proposition. J'ai dû me décider en 24 heures.
Pourquoi ai-je accepté ?
Depuis plusieurs semaines, j'ai, en moi-même, pris la décision de ne pas me représenter en mars 2020 à l'élection municipale. J'avais prévu de l'annoncer après les élections européennes, à la fin de mai prochain.
Deux raisons m'ont conduit à cette décision :
La volonté de ne pas faire le mandat de trop.
Je suis fier du travail que j'ai accompli dans notre ville depuis près de 25 ans. Comme tout bilan, le mien peut prêter à critique.
Mais je suis heureux de l'attachement réciproque qui me lie aux Bordelais.
Il y a tant de choses à faire encore et j'ai tant de projets en tête !
Mais je sens aussi le besoin de renouvellement qui monte ici et là. Le temps est venu de nouveaux visages et de nouvelles équipes.
J'ai aussi une raison plus personnelle.
La vie politique est, comme toujours, un combat.
J'ai aimé livrer ce combat et je l'ai fait pendant plus de 40 ans avec des bonheurs divers mais toujours avec passion.
Aujourd'hui l'envie me quitte tant le contexte change.
L'esprit public est devenu délétère.
La montée de la violence sous toutes ses formes, verbales et physiques, le discrédit des hommes et des femmes politiques -réputés " tous pourris "-, la stigmatisation des élites dont un pays a pourtant besoin (pourvu qu'elles ne se reproduisent pas par cooptation mais qu'elles soient ouvertes à la société tout entière), bref dans ce climat général, infecté par les mensonges et les haines que véhiculent les réseaux sociaux, l'esprit public est difficile à vivre et lourd à porter.
Je souhaite continuer à servir notre pays et notre République dans un environnement de travail plus serein. Le Conseil Constitutionnel m'en donne la chance. C'est la clef de voûte de l'architecture institutionnelle de la République, le garant du respect de la Constitution et des libertés fondamentales de l'Etat de droit, de l'égalité des citoyens devant la loi et devant l'impôt, de la fraternité aussi et de l'humanisme qui l'inspire. Je mesure l'honneur qui m'est fait de pouvoir d'y siéger.
Je n'ai pas pris ma décision de gaieté de cœur. Avec Bordeaux et son peuple, nous sommes en quelque sorte un vieux couple.
C'est un arrachement que de me séparer de qui j'ai tant aimé, à qui j'ai tant donné et qui m'a tant donné en retour.
Dans mon " dictionnaire amoureux " qui porte bien son nom, j'ai voulu faire partager les sentiments que j'éprouve pour " ma " ville, notre ville, ses hommes et ses femmes.
Je garderai en moi sa marque indélébile. Nous ne la quittons pas vraiment puisqu'Isabelle et moi y garderons une résidence.
Mais je ne jouerai pas à la statue du commandeur ! Place maintenant à la relève.
Nous ne sommes pas en monarchie et il ne me revient pas de désigner un " dauphin ".
Je réunirai cette semaine la majorité municipale puis la majorité métropolitaine. C'est collectivement que nous choisirons celui ou celle qui se présentera ensuite aux suffrages du Conseil Municipal et du Conseil de Métropole. J'ai pleine confiance dans le sens des responsabilités de celles et ceux que j'appelle encore mes équipiers.
J'ai pleinement confiance aussi dans l'avenir de notre ville, aujourd'hui injustement abimée (une pensée pour ceux qui souffrent) mais qui s'épanouira demain, attractive et fraternelle.
Bordeaux la belle - tout court - je te souhaite bon vent.
Alain Juppé, le 14 février 2019 vers 11h30, à l'Hôtel de Ville de Bordeaux.
Source : www.al1jup.com/
http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20190214-discours-alain-juppe-bordeaux.html


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