-D.B.
1982-1989
La télévision à table est interdite. Mais pas la radio. Pas toujours, mais quelques fois, elle est ouverte. Le matin sur le zoo du FM 93, avec Gilles Parent, Alain Dumas et Michel Morin. On reprend les gags à l'école secondaire "Le but de John Orgrodnick..." qui deviendra "Le but de Ron Hoggarth était bon". Les tartes aux pacanes de Sergei Milnikhov, les nombreuses imitations de l'attardé Marcel Aubut, la chanson Let's Go! quand les Nordiques se rendaient loin en séries. Les premières esquisses de Jean-Guy Houde. L'animateur à partir de 9h du matin, Jean Beaudry, habite chez nous pendant un temps, j'en savoure l'occasionnelle compagnie.
Durant cette même époque, je prends l'habitude d'utiliser la plus inutile des prises de courant, dans les escaliers du deuxième étage, prise de courant qui se trouve à trois pieds d'une autre prise de courant, donc on ne l'utilise pratiquement jamais. Mais comme elle se trouve aussi à la porte de ce qui mène au grenier, elle existe simplement pour ce qu'on voudrait brancher si on va au grenier. Ce qu'on ne fait pas si souvent. Sauf pour chasser les chauves-souris. Mes amies de nuit. Vampire que je suis.
Je m'y installe, assis sur l'avant dernière marche, second palier de marches menant au deuxième étage. La radio branchée au mur, mes cassettes, vierges ou achetées jouant dans le radio/cassette que j'ai eu en 1983 à ma fête. L'un des plus beaux cadeaux de ma vie. Je lis, j'écris, j'écoute, Maiden, Twisted, Bowie, Gabriel, The Smiths, tant d'autres. J'enregistre tout ce qui me plait sur la radio #1 à Québec alors.
Quand les années 90 surviennent, je n'écoute plus beaucoup la radio. Ma famille non plus. La planète de moins en moins. On est tous passé à l'image. À la télé, au vidéo. Ma radio me sert encore, je la colle sur la télé pour enregistrer les chansons qui ne joueraient surtout pas à la radio.
Dans les années 90, je ne reviens à la radio que vers 1994, quand j'ai ma première voiture. Une micra. Bien que j'écoute plus souvent mes cassettes dedans, je découvre Paul Arcand que je ne connaissais ni d'Ève ni d'Adam. Je le suis un temps, avant de le trouver franchement fier de sa propre grossièreté. Ses points de vue ne rejoignent pas tellement les miens. Pas souvent en tout cas. Une intervention fabuleusement malhabile auprès du ministre du travail Mathias Rioux me le coupe à jamais. Et comme les publicités me rendent fou, je passe à Radio-Canada, que je ne quitterai jamais plus.
Encore de nos jours, chaque camion que je conduis, plusieurs routes sur ma voiture régulière se retrouvent au 95,1 tout à fait naturellement. J'adore la radio. Je la trouve tellement nécessaire.
Elle l'a toujours été.
Trefflé Berthiaume et le père Louis-Josephe Morin l'avaient flairé.
Aux États-Unis c'est Herbert Hoover qui utilise pour la première fois la radio pour une campagne électorale en 1925.
4 ans avant, là où les premiers tests de radiodiffusions avaient été faits, on diffuse un premier concert avec un émetteur de 900 watts, en France. En 1922, la BBC est fondée. Pendant toute la Première Guerre Mondiale, la radio dans les foyers, ça n'existe tout simplement pas.
Drôle d'y penser quand on réfléchit au rôle capital qu'aura joué la radio, codée, pendant la Seconde Grande Guerre.
Les premières radios intégrées aux voitures apparaissent 1930. 8 ans plus tard, Orson Welles abuse de la naïveté publique.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les technologies se perfectionnent partout dans le monde. Pour des fins de stratégies militaires d'abord, mais par la suite pour toujours.
La radio pendant la Seconde Guerre Mondiale a une histoire tout à fait fascinante, à elle seule.
Au Québec (et ailleurs) l'église comprend son pouvoir et l'investit rapidement. De 1950 à 1970, le Cardinal Léger invite les familles à la prière chaque semaine avec beaucoup de succès. En Angleterre comme ici, les radio-théâtres.
À partir de 1954, la radio peut-être écoutée absolument partout. Et malgré toutes les innovations mondiales, elle n'est pas prête de mourir.
Radio Radio a très bien fait à la radio.
Elvis Costello l'a aussi peuplée dans un rapport amour/haine.
Talking Heads ont vécu des expériences avec l'acteur Stephen Tobolwsky qui furent inspirées autour de la radio.
Thom Yorke, Jonny & Colin Greenwood, Ed O'Brien et Phil Selway ont choisi de parler de la modernité de leur société en musique en rendant hommage aux Talking Heads, se choisissant comme nom de band, le nom de cette chanson.
Woody Allen a écrit et réalisé le plus beau des films sur l'impact de la radio sur une société, en 1986.
C'est la journée internationale de la radio aujourd'hui.
Écoutez-là.
Ça stimule les sens.