Quand j’ai décidé de m’atteler à ce billet, éminemment et urgemment nécessaire, dont il s’agissait de peser soigneusement les mots comme les informations distillées, j’ai tout d’abord comme à mon humble habitude rassemblé les matériaux constitutifs de cet immense chantier de gros œuvre, un perpétuel recommencement. La haine des juifs est en effet une peur (ou/et un rejet) ancestrale, inscrite dans la nuit des temps, qui a pris différentes formes et poussé le comble de l’ignominie jusqu’à se donner des alibis scientifiques, y compris dans notre « propre » pays. Elle a connu des périodes plus ou moins fortes de propagation idéologique et politique, avec un apogée qu’on pensait sans lendemain après l’exhumation horrifiée de la Shoah aux yeux du monde. MAIS. Que nenni, visiblement. Les signes ne cessent de s’accumuler, qui balisent l’ampleur du mal, en fRance, ces derniers temps… (le reste du monde n’est pas épargné, comme nos voisins allemands, malgré tous les trésors d’éducation déployés dans ce pays, précisément) : de mémoire, piochés dernièrement dans l’actualité :
- le meurtre horrible de cette rescapée de 85 ans, Mireille Knoll, qui avait échappé en juillet 1942 à la rafle du Vel d’Hiv pour mourir d’une manière particulièrement barbare, poignardée et brûlée dans son appartement du XIe arrondissement de Paris. Et dont l’hommage avait été troublé de si désolante manière…
- un négationniste, Ryssen, sale type entièrement dévoué à la haine des juifs, qui fait la Une de Paris Match en gilet jaune
- une armée de fascistes et de racistes qui crachent leur bile noire en se scandalisant qu’une promotion de St Cyr soit débaptisée parce qu’elle portait le nom d’un général notoirement antisémite. Lequel sera impunément revendiqué par l’école pour bas du front de Marion Maréchal Le Pen, l’Issep.
- le site nazi, ouvertement antisémite Démocratie Participative qui peut continuer à propager ses ordures jusque dans les boites aux lettres parisiennes en dépit de son interdiction judiciaire, et menacer impunément tous ceux qui le contrarient, comme en a fait les frais cet avocat d’une victime de meurtre, Adrien Perez, en seule raison de son nom…. Denis Dreyfus.
- des verrues ouvertement racistes et notoirement antisémites comme celles du Bastion Social ou de l’Action française qui constellent notre pays de leurs violences racistes et anti-gauchistes et dont les idées de la plupart des dirigeants (si ce n’est tous), sont notoirement antisémites
- l’entourage de la présidente du principal parti d’extrême droite de ce pays, le RN, dont l’antisémitisme n’est plus à démontrer. On citera pour seuls exemples Chatillon, Lousteau et Vardon.
- le phénomène dieudonniste, et ses adeptes décérébrés qui font des quenelles à tout bout de champ, y compris chez les gilets jaunes ( curieusement peu hostiles sur ce coup là), et si possible plus volontiers sur les lieux les plus symboliques du judaïsme (mais non, pas du tout, ce n’est pas un geste antisémite, bien sûr ! )
- les rassemblements réguliers et pourtant jamais aussi violemment réprimée que la moindre des manifestations anti-fascistes des nostalgiques de Maurras sous la bannière de Civitas,
- Les sempiternelles sorties antisémites et révisionnistes/négationnistes du vieux Le Pen, qu’aucune condamnation, se sur-ajoutant les unes aux autres de manière exponentielle malgré leur registre immonde, ne parvient à stopper, au point qu’il puisse impunément continuer à couler des jours heureux dans son parc de Montretout sans jamais avoir connu le moindre jour d’emprisonnement malgré toutes les ordures qu’il a accumulées dans sa vie, là où le moindre SDF qui vole un paquet de riz va tout droit en prison.
- l’inscription antisémite sans ambiguïté d’aucune sorte sur un Bagelstein parisien, sur laquelle je me suis déjà exprimé ici.
- la mémoire du meurtre antisémite abject d’ Illan Hallimi souillée par un acte de vandalisme insupportable, et des inscriptions antisémites un peu partout dans Paris.
- L’histoire d’une plainte pour antisémitisme à Paris-13 qui a valu à un étudiant d’être exclu.
- L’augmentation importante des actes antisémites l’année dernière :
Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, il y a eu 514 actes antisémites commis l’an passé, contre 311 actes en 2017.
- Un dirigeant de l’Action Française, raciste, antisémite et Maurrassien, Elie Hatem, qui donne des cours tranquillement à l’université de Bobigny
- une candidate officielle de Debout la France, Emmanuelle Gave, avocate, qui ne voit pas où est le problème…
(il ne m’est pas apparu très clairement que cette personne bien propre sur elle avait été biberonnée au berceau par l’antisémitisme si clairement installé dans la communauté musulmane selon Monsieur Bensoussan…)
Signalons d’ailleurs à propos de ce parti bien vomitif, DLF, qui semble engagé dans une compétition de racisme avec le FN/RN que l’immonde NDA a osé prétendre lutter contre l’antisémitisme, en réaction à l’inscription antisémite sur un Bagelstein qui a donné naissance à ce billet… en propageant d’emblée sans y être trop forcé le moins du monde un autre racisme tout aussi détestable, ce que personne n’a daigné relever, tant il en est coutumier :
A côté de ces manifestations plus spectaculaires et médiatisées de l’antisémitisme actuel, ce sont tous ces petits signes qui ne cessent de s’accumuler dans notre quotidien, et qu’une majorité d’entre nous ne supportent plus… Les croix gammées partout dans le pays, les profanations de cimetières juifs incessantes, les inscriptions sur les portes, les immeubles, dans les cages d’escaliers… Ceux qui viennent d’advenir, sur fond de gilets jaunes, ne sont pas là pour rassurer…
Cependant, qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas écrit ici. Je ne pense pas, n’ai jamais pensé que les gilets jaunes soient l’alpha et l’oméga de tout ce qui va mal dans ce pays, et notamment de l’antisémitisme. C’est là le fait d’une minorité, certes agissante, que j’observe, et de près, qu’elle soit dans ce mouvement là ou ailleurs, mais qu’on aurait tort de prendre pour l’ensemble d’un peuple, qui vaut bien mieux que ça. Les gilets jaunes ne représentent qu’eux mêmes, et leurs appartenances idéologiques respectives, quand ils en ont une, sont diverses, comme on le constate tous, à moins d’être d’aussi mauvaise foi que le gouvernement auquel ils s’opposent. D’accord ou pas d’accord, y figurent même des antifas. Croyez vous qu’ils s’y mêleraient s’ils supportaient complaisamment des fachos ? Comme je l’écrivais ici, c’est un immense gloubi-boulga, un conglomérat de refoulements et de colères, pour certaines fort légitimes, et que je partage, sinon sur la forme du moins sur le fond, compte tenu notamment de ma situation personnelle, mais aussi de mon engagement politique au service de la si nécessaire transformation sociale en faveur de la lutte contre les inégalités dans notre pays. Et qu’on ne me dise surtout pas que l’antisémitisme ne serait le fait que de tel ou tel, les mêmes qui tentent pitoyablement de désigner l’ennemi des juifs/juives en instrumentalisant cette cause si honorable, la lutte contre l’antisémitisme, pour nourrir quelque dessein médiocrement et bassement politicien, au sens le plus clanique et sectaire du terme. Chaque camp désigne l’autre comme responsable de l’antisémitisme qui déborde à la moindre occasion en ce moment. Pathétique. Car vos calculs, moi, hors de toute chapelle à préserver, raison pour laquelle j’ai quitté il y a maintenant quelques années le front de gauche, et pour laquelle je me situe volontairement hors de tout jeu électoral pour mieux avoir les coudées franches afin de dénoncer ce qui doit l’être où qu’il se situe, je m’en fous. Je pointerai sans le moindre état d’âme l’antisémitisme qui se trouverait dans ma propre nouvelle famille politique, libertaire, si l’occasion s’en présentait. Quelle que soit son origine, je le fais savoir, raison d’être de ce blog, et je le combats. Point.
Pourtant, qu’on ne se méprenne point, je n’ai rien d’un béotien. je connais mon sujet… D’où le fait que je puisse renvoyer dans leurs cordes ceux qui tentent d’ instrumentaliser ce racisme là, qui n’est pas le fait d’une communauté en particulier :
J’ai bien quelques idées sur l’origine de cette épidémie de peste brune, qui ne diffèrent guère des causes généralement citées. Aux côtés de l’antisémitisme historique de certaines formations politiques bien franchouillardes, notamment des catholiques traditionalistes par exemple, ou celui issu des haines entretenues par le conflit israélo-palestinien chez certains musulmans ou chez les pro-pal, celle du complotisme ambiant, véhiculé si volontiers par des gilets jaunes un peu trop avides de réseau sociaux et qui gobent tout et nawak sans structuration politique suffisamment solide pour s’en prémunir, comme les exemples de Drouet et Flye Rider le démontrent assez, rejoint forcément et indubitablement l’antisémitisme. Car qui dit grand complot en arrive forcément à ce point désastreux là, leur maître à tous.
Quant à ceux et celles qui prétendent lutter contre ce racisme là, l’antisémitisme, pour en propager un autre, vous n’êtes que des imbéciles au front bas. Allez bien vous faire cuire le cul, qui que vous soyez.
Aussi, après tous ces prolégomènes, je sens que le moment est venu de rappeler quelques évidences bien frontales, indispensables, face au confusionnisme actuel dans lequel tout se vaudrait… :
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