L’étranger le fleuve — Elle a dit
Et elle s’est préparée à chanter.
Nous n'avons pas essayé le langage de l'amour, ni abordé
en vain le fleuve.
La nuit m'est venue avec son mouchoir
Et il ne m'est jamais venu de nuit comme cette nuit.
J'ai alors fait offrande de mon sang aux prophètes,
Qu'ils meurent à notre place…
Que nous restions une heure encore sur le trottoir des
étrangers
Et elle s'est préparée à chanter.
Nous sommes seuls à l’instant des amants.
Fleurs sur l’eau
Et traces de pas sur l’eau.
Où irons-nous ?
Pour la gazelle, le vent et la lance. Je suis le couteau et la
plaie.
Où irons-nous ?
Voici la liberté jolie,
Tes yeux et des pays posés sur une lucarne
Dans ma veine coupée.
Où irons-nous, oiselle en feu ?
Pour la gazelle, le vent et la lance.
Et pour le poète, des temps qui viendront plus élevés que
l'eau et moins que les cordes des potences.
Où irons-nous, oiselle de l'exil ?
Je n'ai pas dit adieu. Je viens de faire mes adieux à la
planète Terre.
Avec moi, tu es rencontre permanente d'un adieu l'autre
Et je témoigne que l'amour est pareil au trépas.
Il advient au moment où tu n'attends pas cet amour.
Ne m'attends donc pas…
Mahmoud Darwich
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