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"On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière.
On supprimera l'Âme
Au nom de la Raison,
Puis on supprimera la raison. On supprimera la Charité
Au nom de la Justice
Puis on supprimera la justice.
On supprimera l’Amour
Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité. On supprimera l’Esprit de Vérité
Au nom de l’Esprit critique,
Puis on supprimera l’esprit critique.
On supprimera le Sens du Mot
Au nom du sens des mots,
Puis on supprimera le sens des mots On supprimera le Sublime
Au nom de l'Art,
Puis on supprimera l'art.
On supprimera les Écrits
Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires. On supprimera le Saint
Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.
On supprimera le Prophète Au nom du poète,
Puis on supprimera le poète.
On supprimera l’Esprit,
Au nom de la Matière,
Puis on supprimera la matière. AU NOM DE RIEN ON SUPPRIMERA L'HOMME
ON SUPPRIMERA LE NOM DE L'HOMME
IL N'Y AURA PLUS DE NOM
NOUS Y SOMMES." Armand Robin extrait de: "Poèmes indésirables"
" Armand Robin
Robin des nuits, Robin des bois et des rivières
sans un mot tu t'en es allé dans la paisible mort
des pierres du silence
Tes yeux fermés sur le rêve libertaire
tu gis, tranquille
tel le mendiant sous le porche à Rostrenen et Langonnet.
Robin, anarchiste du Poher
épi trop mûr de la douleur paysanne
résidu exilé aux durs pavés de Paris
toi l'ami de Maiakowski, d'Essenine et de Calloc'h
toi qui chantais la fraternité dans toutes les langues ouvrières
il a fallu que tu voies les banquiers et les flics
faire de cette terre bien-aimée une morgue et une salpétrière.
Robin
Robin des ruisseaux et des genêts
Maudits soient qui t'écrouèrent
Fresnes, Santé, Conciergerie, Bastille
c'est fou comme on aime les geôles à Paris
et c'est là qu'ils ont voulu que tu meures
toi, l'homme des steppes et des collines
et des libres espaces sous le vent
là, au Dépôt, entre leurs mains pourries
Dis, Robin, en quel caveau t'ont-ils enseveli
qui a signé la levée d'écrou de ta dépouille
quelle fripouille de leur République de nantis
faut-il désigner aux partisans de colère ?
Robin, poète des longs silences fiers
vagabond des pluvieuses nuits, où dors-tu
la bouche scellée sur l'indicible poème
Dis, Robin
en quel village danses-tu avec Ben Barka
le jabadao des suppliciés
si loin, si loin de Rostrenen et Langonnet ?
Robin, je vais te le dire :
ce n'est pas assez de vivre en fraude
il faut que les Bretons meurent en maraude
Cloportes, rats, rongeurs de rêves
ce n'est pas assez d'être pauvres
il faut encore crever sans trêve
comme des truands dans les cul-de-basse-fosse
Robin, je vais te le dire
ce jour où les matons sonnèrent tes glas
avec leur trousseau de clés
les merveilleux haillonneux vagabonds
récitèrent un Dies Irae
là-bas, dans les prés de Kéranglaz
Robin
Robin des nuits, Robin des bois et des rivières
les barricades auront un jour l'accent de Plouguernevel
nous craquerons le silence avec des jets de pierres
nous parlerons breton aux juges du Sanhédrin
nous parlerons breton aux fêtes fraternelles
Robin
Robin des nuits, Robin des bois et des rivières
je clamerai ta rime aux éoliennes
et le vent de la mer dira aux hommes et aux pôles
« en France, c'est sûr, on n'aime les poètes qu'assassinés » Xavier Grall
J’ai vu une enfance violentée rêver devant un amandier en fleurs.
J’ai vu un homme emprisonné retrouver souffle à la lecture d’un poème.
J’ai vu le ciel déverser des tonnes d’azur sur nos morts.
J’ai vu la neige brûler moins que les larmes.
J’ai vu le soleil consoler un coquelicot, et réciproquement.
J’ai vu un arc-en-ciel en cavale sous l’orage.
J’ai vu un ange noir chanter sous les étoiles.
Et je n’ai trouvé qu’un mot pour dire cela qui transcende le chaos, l’éphémère et la joie mêlés de nos vies : LA BEAUTÉ.
Sophie Nauleau
INFOS
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illustration source: Toile
BRETAGNE& OCCITANIE ... MÊME STOURM*
*combat
L'AMASSADA
photos source: Lundi Matin
plus d'infos chez: Lundi Matin
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Conseils au bon voyageur
" Ville au bout de la route et route prolongeant la ville : ne
choisis donc pas l'une ou l'autre, mais l'une et l'autre bien
alternées.
Montagne encerclant ton regard le rabat et le contient que la
plaine ronde libère. Aime à sauter roches et marches ; mais
caresse les dalles où le pied pose bien à plat.
Repose-toi du son dans le silence, et, du silence, daigne
revenir au son. Seul si tu peux, si tu sais être seul, déverse-
toi parfois jusqu'à la foule.
Garde bien d'élire un asile. Ne crois pas à la vertu d'une vertu
durable : romps-la de quelque forte épice qui brûle et morde et
donne un goût même à la fadeur.
Ainsi, sans arrêt ni faux pas, sans licol et sans étable, sans
mérites ni peines, tu parviendras, non point, ami, au marais des
joies immortelles,
Mais aux remous pleins d'ivresses du grand fleuve Diversité."
Victor Segalen
"À quoi servent les artistes, dans ce monde qui préfère les chiffres aux lettres et dont la folie des chiffres menace de nous faire chavirer dans le chaos ?
Que celui qui n'a besoin ni de chansons, ni d'images, ni de poèmes, ni de romans, ni de films, ni de pièces de théâtre, ni de musique, pour que se dise sa vie quand il ne sait plus la dire, pour que s'écoule son chagrin quand il ne sait plus pleurer, que celui-là tranche la gorge aux oiseaux.
Que celui qui n'a pas besoin d'artiste retienne ses larmes à jamais et brise par avance ses éclats de rire."
Yvon le Men extrait de: "A quoi sert un artiste?"
illustration source: Toile
." à n'importe quel âge de la vie, si ta vie s'endort, risque-la."
Jean Malrieu