Pourquoi il ne faut pas tuer (tout de suite) son voisin de Laure Allard-d’Adesky et Fanny Bernard

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete
Accueil/LES LIVRES/LES CHRONIQUES DE ROMANS/ROMANCE CONTEMPORAINE/Harlequin HQN/Pourquoi il ne faut pas tuer (tout de suite) son voisin de Laure Allard-d'Adesky et Fanny Bernard De quoi ça parle ? Chère voisine, je vous rappelle que vous ne vivez pas seule dans cet immeuble.

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Le voisin est un être râleur, intolérant et, dans le pire des cas, aigri : c'est un fait avéré et bien connu de tous. Le nouveau voisin de Sylvie, lui, est un spécimen particulièrement désagréable. Resté à l'état sauvage, cet individu n'a visiblement jamais appris les bases élémentaires de tout être civilisé. Déjà, il communique avec elle par lettres alors qu'un seul étage les sépare. Ensuite, il la traite de pachyderme et propose de lui offrir en cadeau de bienvenue... une paire de charentaises. Ça tombe bien, car Sylvie n'est pas vraiment une voisine comme les autres elle non plus...

Mon avis :

Le titre est une vraie trouvaille et il est en total adéquation avec le contenu du livre : drôle, complètement loufoque et finalement assez émouvant. Les auteurs nous livrent un texte sur le voisinage et les rencontres surprenantes que l'on peut faire à tout âge et tous étages. Un récit court moins léger qu'il n'y paraît.

Sylvie, nouvellement arrivée dans l'immeuble, bouscule les habitudes d'Henri, son voisin de dessous. Pour le lui faire savoir, il ne monte pas l'escalier mais lui envoie une lettre. Piquée au vif d'être traitée de cette manière, Sylvie décide de lui répondre de la même manière. S'instaure ainsi une correspondance entre les voisins. A aucun moment ils n'envisagent de se rencontrer, laissant le mystère et l'imagination les guider. Cette correspondance qui commence comme une liste de reproches de part et d'autre, se prolonge en confessions et défouloir.

C'est une histoire finalement bouleversante. Derrière le ton sarcastique de la liaison épistolaire, les auteurs soulignent la solitude dans laquelle vivent la plupart des citadins. Sylvie et Henri ont dépassé la quarantaine. Ils vivent seuls et n'ont aucune envie de voir leur quotidien chambouler. Pourtant leur correspondance va servir de catalyseur et leur faire prendre conscience chacun dans leur coin que leur vie ne leur convient pas. Ils ont chacun un passé plus ou moins douloureux et un présent qui en découle. Ils n'avaient jusque-là jamais pris le temps de se poser les vrais questions : qu'ai-je envie de faire de ma vie ? Suis-je heureux ? Cette relation à distance va leur permettre d'ouvrir les yeux sur eux. C'est ce que j'appellerai une comédie dramatique. Sous couvert de courriers légers et drôles, les sujets de fond sont graves. Pourtant la lecture reste agréable, on s'attache à ces deux personnages finalement grincheux et aigris. Si le style épistolaire et les personnages peuvent sembler désuets, il n'en est rien de la construction du récit et de sa profondeur. Les problématiques abordées devraient résonner en chacun de nous. A la lecture de ce récit, on pourrait regarder différemment ses voisins...

Pourquoi il ne faut pas tuer (tout de suite) son voisin de Laure Allard-d'Adesky et Fanny Bernard

2,99 €