Du 16 février au 23 mars 2019 - Vernissage vendredi 15 février de 18h à 20h30
http://galerieanniegabrielli.comAprès avoir présenté à la galerie ses trois séries photographiques icônes Espaces muséaux, Open Space et Les Thermes, Muriel Bordier revient pour nous faire pénétrer une nouvelle fois dans ses espaces, méticuleux arrangements de certains pans du réel, à la croisée d'une appropriation fine et
critique de nos modes de vie et d'un univers visuel immédiatement reconnaissable (ici, la cure thermale).
C'est à travers les étapes successives d'un processus de création exigeant et long : fabrication de décors, prise de vue de corps mis en scène et travail numérique, que l'artiste élabore ses scènes de genre contemporaines.
Ce qui caractérise également ses images, ce sont les différentes oppositions, dans les tensions et les écarts qu'elles proposent. Ainsi en va-t-il de l'agrandissement des espaces représentés, dont l'immensité et la démesure miniaturisent les personnages qui les habitent, au point de les faire passer pour des figurines de vastes jeux de réalité fictionnelle. Les lieux sont d'une blancheur subtile toute de nuances et presque aveuglante, contrebalancée par des touches de couleurs saturées et éclatantes qui animent soudain ces espaces désincarnés ou aseptisés.
Le calme et la sérénité de ces derniers tranchent, pour leur part, avec le tumulte des activités qui s'y déroulent ou l'arrivée énergique et bruyante d'une foule de bambins.
Plus frappante encore est l'opposition entre l'apparente ressemblance des personnages en présence et leur caractère très individualisé, pour qui prend le temps de les scruter avec attention.
Sous les directives de la photographe, chacun des figurants trouve en effet son expression particulière et sa posture corporelle, quelque part entre naturalisme et exagération. Et si on était...
Et si on faisait comme si... Ces mots empruntés aux jeux d'enfants pourraient être ceux qui président aux constructions narratives et descriptives de l'artiste. Pour que s'opère un glissement, de l'identique au singulier. À l'identité peut-être.
Le spectateur doit observer les images dans leur étendue comme dans leur profondeur pour s'y promener et saisir l'intention de son auteur, celle de porter un regard distancié, amusé, parfois moqueur sur les moeurs et travers de notre temps, histoire de faire de chaque image un grain de
sable dans une mécanique en apparence bien huilée. Après tout, on n'est peut-être pas sérieux quand on est photographe... Et, plus qu'une exposition traditionnelle, la galerie présente une sélection de six images se composant comme une installation, sous la forme d'affiches imprimées.