Mediapart est en colère, Mediapart est en furie. Sans doute à juste titre. Pour celles et ceux - notez, au passage, comme je pratique une magnifique écriture épicène, à en faire pâlir d'envie Nattes à Chat, Kvardek du et autres TOM - qui auraient hiberné depuis lundi, je rappelle qu'une tentative de perquisition a eu lieu, lundi, dans les locaux de Mediapart, avortée puisque les journalistes ont refusé aux magistrats du parquet et aux policiers le droit d'y procéder. Depuis, les révélations s'enchaînent. On apprend, tout d'abord, que cette perquisition est menée dans le cadre d'une enquête préliminaire, ouverte directement par le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, pour atteinte à la vie privée, et que cette atteinte réside dans les publications de la semaine dernière, par le site d'informations, des enregistrements des conversations téléphoniques entre Alexandre Benalla et Vincent Crase. On apprend, ensuite, que cette enquête ne vise pas à protéger la vie privée d'une des deux personnes écoutées, mais d'une tierce personne, non mentionnée. On apprend enfin, par Mediapart qui a évidemment enquêté sur sa propre tentative de perquisition, que cette enquête a, en réalité, été directement suscitée par les services du Premier ministre, Édouard Philippe, qui ont fait un " signalement " au parquet de Paris à la suite des publications de la semaine dernière. Surpris de cette célérité parquetière pour embrayer sur une perquisition de ses locaux sur la base de rien du tout, Mediapart a rappelé les troubles conditions de nomination dudit Rémy Heitz, directement appointé à ce poste après entretien avec le Premier ministre qui s'est assis sur les candidats retenus par sa propre ministre de la Justice et par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ...
Vous me direz alors, ami lecteur, quel rapport avec Wikipédia, et en quoi tout cela justifie-t-il donc de ressusciter ce blog, plus d'un an après sa mise en sommeil, en principe plus ou moins définitive ? J'y viens, mes bons. Il se trouve que, pas plus tard qu'aujourd'hui (mercredi 6 février), une adresse IP a entrepris de modifier l'article sur Rémy Heitz, dans un sens pas forcément propice à la neutralité de point de vue, même si elle a le mérite de mentionner l'affaire, minimisant, au mépris des sources, le rôle de l'exécutif en général, et d'Édouard Philippe en particulier, dans le processus de sa nomination. Fort heureusement, l'un d'entre nous, Guillaume70 pour ne pas le nommer, veillait au grain et a entrepris de neutraliser tout cela. Heureusement que des vils Pierrots, qui voulaient paraît-il la destruction de Wikipédia, sont encore dans les parages ... Mais je m'égare.
Vous me direz alors ( bis) que ce genre d'entorses à la neutralité de point de vue, cela court Wikipédia toute la journée. Certes. À ceci près qu'il y a ici une différence de taille, constatée par Guillaume, qui a l'œil. C'est que de cette adresse IP révèle sa nature exacte. Il s'agit d'une adresse IP enregistrée sous le réseau RIPENCC, qui correspond au réseau du service d'information et de communication interministériel, utilisé par tous les ministères. Et le ministère nous est même précisé. Cette adresse IP a son bureau au 20, avenue de Ségur, à Paris. Il s'agit, depuis juin 2017, de l'adresse d'un des deux ensembles de bureaux des services ... du Premier ministre, bureaux qui abritent ce service de com interministériel, directement placé sous l'autorité du Premier ministre. Comme le monde est petit.