Aujourd'hui, nos consommations des médias sont de plus en plus délinéarisées, et personnalisées : que ce soit pour les séries, le cinéma ou la musique, une partie de l'audience ne suit plus le direct, mais consulte ces médias en différé (streaming, VOD, replay, etc.). Il était donc logique que le marché de l'audio suive la même voie.
Quant au renouveau, je dirais que ça vient principalement de deux évolutions. Il y a, d'une part, la stratégie des radios historiques qui ont compris que pour toucher un nouveau public, elles devaient proposer un catalogue dans ce nouveau type d'usage. Et, d'autre part, l'arrivée de contenus natifs du digital qui ont permis l'émergence de nouveaux talents parmi les créateurs indépendants.
En septembre 2018, vous avez créé Majelan qui ambitionne de devenir le " Netflix français du podcast ". Quel type d'offre proposerez-vous ?Notre modèle se situera entre Spotify et Netflix. Dans un volet gratuit, nous allons proposer aux utilisateurs de découvrir et de trouver les contenus existants dans une approche personnalisée et simplifiée de notre plateforme. Et parallèlement, nous investissons sur la production de créations originales, qui seront réservées aux abonnés pour 4,99 € par mois, et qui viendront apporter de la diversité dans les formats et les genres existants.
En décembre dernier, vous avez annoncé avoir levé 4 millions d'euros. La preuve que le marché du podcast est porteur ?En effet, les investisseurs qui nous ont fait confiance viennent apporter du crédit à ce marché qui est en train de se structurer. J'ai aussi la faiblesse de penser qu'ils ont cru dans l'équipe qui porte le projet ambitieux de créer la meilleure expérience audio possible.
Par ailleurs, le marché est déjà très avancé aux États-Unis, puisque près de 30 % des Américains écoutent des podcasts chaque mois. En France, on arrive à 5 millions d'utilisateurs par mois, et quand on voit qu'il y a encore 42 millions de Français qui écoutent chaque jour la radio, on peut effectivement penser qu'il y a des opportunités sur le marché de l'audio.
Quelles sont les habitudes de consommation des " podcasteurs " ?L'écoute de podcasts se fait dans les moments de mobilité, pendant les tâches ménagères, pendant qu'on pratique du sport ou encore au bureau. Il est important de prendre en compte ces moments d'usage pour proposer un éventail de contenus adapté.
Malheureusement, on n'en sait guère plus aujourd'hui car il y a trop peu de données sur ces usages. Et notre plateforme Majelan vise justement à pallier ce manque et à être transparente avec les créateurs sur ces données.
N'y a-t-il qu'un seul système de monétisation ?Aujourd'hui, la monétisation du podcast passe majoritairement par du sponsoring ou par de l'insertion de publicité en pre-roll (NDLR : un message publicitaire diffusé avant la lecture du contenu). Notre approche est un donc peu différente puisqu'il s'agit d'une monétisation via l'abonnement avec du revenue sharing (NDLR : partage des revenus entre tous les partenaires d'un projet) pour les créateurs en fonction de l'écoute. On veut créer un cercle vertueux où, plus il y aura d'écoutes actives, plus la rémunération sera importante.