Repérée par La Revue du Digital lors de l'intervention d'Yves Tyrode, directeur du digital du groupe BPCE, à la conférence Digital Change, cette expérimentation de simplification de l'accès des entreprises au crédit grâce aux technologies d'apprentissage automatique pourrait augurer d'une nouvelle ère de conseil financier pro-actif.
C'est dans le domaine des prêts à l'équipement que la banque explorerait actuellement les opportunités de mettre en œuvre un soupçon d'intelligence artificielle. Le premier objectif qu'elle vise ainsi serait de compléter ses capacités d'évaluation du risque, de manière à, entre autres, permettre à des entreprises qui n'y sont habituellement pas éligibles de pouvoir financer l'acquisition des matériels indispensables à leur fonctionnement et leur développement, de la machine-outil au poste informatique.
La deuxième cible de BPCE est encore plus ambitieuse, puisqu'il s'agirait d'exploiter les informations disponibles sur ses clients afin de prédire leurs besoins de financement à venir et devenir de la sorte un véritable partenaire de l'entrepreneur. En effet, non seulement la banque pourrait alors suggérer ses solutions au moment où le besoin s'en fait sentir mais, surtout, elle serait en mesure de, simultanément, déterminer le montant nécessaire, anticiper un accord de prêt correspondant et, dès la demande confirmée, mettre les fonds à disposition avec un minimum de démarches administratives.
L'initiative, qui, par certains aspects tend à rappeler Amazon Lending, est présentée comme un premier pas vers ce qu'Yves Tyrode considère comme une obligation, à terme, des institutions financières de changer radicalement leurs méthodes traditionnelles. Quand une startup, par exemple, sollicite un crédit, l'analyse des données du passé (comptables ou autres) n'est pas pertinente et doit donc laisser la place à une tout autre approche. Certains géants technologiques et quelques acteurs de le FinTech ont ouvert la voie et il ne peut être question de laisser cette concurrence s'épanouir sans réagir…
Il restera cependant à vérifier si ces tests préliminaires de BPCE avec le « machine learning » finissent par aboutir à un déploiement en production. Car il ne suffira pas de créer des modèles de scoring convaincants pour ouvrir le crédit à des clients qui ne satisfont pas aux critères classiques : il faudra encore que les décisionnaires lui accordent leur confiance, ce qui, initialement, faute d'éléments de comparaison, ressemble à un saut dans le vide. Voilà sans aucun doute une condition de succès sur laquelle les nouveaux entrant disposent à ce jour d'un avantage considérable…