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Quand Maupassant nous est conté par Gérard Gengembre et la société d'études diverses de Louviers

Publié le 03 février 2019 par Gezale

Quand Maupassant nous est conté par Gérard Gengembre et la société d'études diverses de Louviers

Gérard Gengembre.©JCH

En écoutant Gérard Gengembre (1) parler de Maupassant, « écrivain normand », il vaut mieux être riche, en bonne santé et ne pas craindre l’avenir. La vision du monde du grand écrivain dont le talent littéraire et stylistique est incomparable, est celle d’un misanthrope profondément pessimiste sur la nature humaine et tout simplement déterministe. Il est où le bonheur ? Elle est où la tendresse ? Il est où l’amour ? Pour Maupassant tout ne serait que vacuité.
L’homme donc est mauvais. Il est souvent stupide, roublard, radin, particulièrement quand il s’agit d’un paysan normand, mais on aurait tort de régionaliser les ressentiments de Maupassant à l’égard des habitants de sa province. Car ces ressentiments il les généralise à tous les hommes. En tous temps et en tous lieux. L’écrivain célébrissime, dans ses chroniques, nouvelles, romans, au-delà des descriptions picturales avec mer et soleil où il décrit une certaine beauté, juge avec un mépris certain le monde des humains qu’au fond de lui-même il déteste. Peut-être les enfants et les prostituées (qu’il fréquenta assidument…et attrapa même la syphilis) trouvent-ils auprès de lui quelques qualités.
L’optimiste avec Eros, le pessimiste avec Thanatos ? Ce serait une vision trop binaire. Maupassant, « élève » de Flaubert, est plus subtil, plus fin. Qu’importe, le message qu’il veut faire passer est celui d’une existence déprimante à l’heure où la psychologie n’en était qu’à ses balbutiements. Il est vrai qu’être atteint d’une MST à 27 ans ne peut que vous pourrir la vie. Il en mourra d’ailleurs à 43 ans après avoir vécu sa dernière année dans une inconscience quasi totale.  

Quand Maupassant nous est conté par Gérard Gengembre et la société d'études diverses de Louviers

Une salle comble pour écouter le conférencier. ©JCH

Si la postérité a retenu Guy de Maupassant, c’est sans doute parce que la crudité des situations, la cruauté des personnages, le souci du détail, ont dépassé le simple cadre romanesque « régional » pour atteindre à l’universalité. Naturaliste ? Interroge Gérard Gengembre ? Réaliste ? Anti-romantique ? Sans doute toute cela à la fois. Maupassant issu de la bourgeoisie n’a pas la volonté de défendre l’ordre établi ou l’ordre social. Il est le membre d’une caste intellectuelle élitiste peu sensible au malheur des ouvriers des manufactures exclus de ses récits et de ses portraits. Le monde qu’il décrit (décrypte) est celui qu’il a sous les yeux, les paysages (Etretat-Fécamp, le pays de Caux, Paris) les paysans, très majoritaires socialement, et la petite bourgeoisie dont il exècre tous les excès et la suffisance.
Le public présent dans la salle (comble) Pierre Mendès France a fait une ovation à Gérard Gengembre. Il nous avait déjà enchanté avec ses conférences sur Victor Hugo en Normandie ou encore Balzac, en grand spécialiste de la littérature du 19e siècle. Mêlant le savoir et l’humour, le conférencier ne pouvait qu’être longuement applaudi. (1) Gérard Gengembre, professeur émérite de l’université de Caen.

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