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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 298

Publié le 03 février 2019 par Antropologia

Les pointes

Quand je me suis installé dans la maison que j’habite, dans le fin fond des Landes, j’ai été frappé par le nombre de pointes plantées dans les poutres et solives. A l’époque, je les avais approximativement comptées alors qu’une partie avait déjà disparu lors de la restauration en raison du remplacement de nombreuses pièces de bois – toute la charpente avait été démontée – mais j’en ai oublié le chiffre.

A l’époque, j’avais demandé aux « vieux » les raisons de ce foisonnement : chaque fois que l’on avait besoin de suspendre un objet, on plantait une nouvelle pointe, m’avaient-ils répondu, peu étonnés par la question.

Reprenons le calcul : 9 solives par pièce x 6 pièces x 20 pointes = 1080 !

J’en ai enlevé une bonne partie mais j’ai tenu à en garder quelques unes, marques d’un état d’esprit et d’un certain usage des poutres. Tout le monde ne peut y graver des sentences grecques comme Montaigne mais chacun peut y planter ses pointes.

Bernard Traimond

dumoulin xavier commented on Chroniques de l’ordinaire bordelais

J’ai observé le même phénomène dans ma très vielle maison de famille d’un village voisin. Et le mimétisme m’a conduit aux mêmes pratiques. Aujourd’hui je cloue sur sur les poutres et solives des espaces de rangements « rustiques » en regrettant le temps des jambons suspendus…

Voir et attraper mes licols et autres filets pendus dans la chaufferie devenue sellerie fait partie de mon habitus et m’engage à mobiliser ma tête et mes jambes pour penser et agir en homme de cheval (sinon de muletier)!


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