No Home,
de Yaa Gyasi
(Homegoing, 2016)
Calmann Levy 2017
450 pages
Littérature, Ghana, Etats- Unis
XVIIIe siècle, au plus fort de la traite des esclaves. Effia et Esi naissent de la même mère, dans deux villages rivaux du Ghana. La sublime Effi a est mariée de force à un Anglais, le capitaine du Fort de Cape Coast. Leur chambre surplombe les cachots où sont enfermés les captifs qui deviendront esclaves une fois l'océan traversé. Effi a ignore que sa soeur Esi y est emprisonnée, avant d'être expédiée en Amérique où des champs de coton jusqu'à Harlem, ses enfants et petits- enfants seront inlassablement jugés pour la couleur de leur peau. La descendance
d'Effia, métissée et éduquée, connaît une autre forme de souffrance : perpétuer sur place le commerce triangulaire familial puis survivre dans un pays meurtri pour des générations.
Navigant brillamment entre Afrique et Amérique, Yaa Gyasi écrit le destin d'une famille à l'arbre généalogique brisé par la cruauté des hommes. Un voyage dans le temps inoubliable.
Mon avis
Très belle découverte avec ce premier roman de Yaa Gyasi, auteure américaine née au Ghana. Mêlant saga historique et roman choral , elle nous fait voyager dans l'espace et le temps. Nous suivons l'histoire de la descendance de deux soeurs, Effia et Esi nées dans la Cote d'Or ( partie de l'Afrique dont fera ensuite partie le Ghana) de la même mère Maame ,une esclave ashanti, mais qui ne connaissent pas l'existence l'une de l'autre, Maame ayant du abandonner la première à ses maitres fantis dans des circonstances dramatiques lors d'un incendie.
Les deux sœurs n'auront pas la même destinée; Effia sera vendue contre son gré puis finalement se mariera à un capitaine anglais aisé du fort de Cape Coast ( fort qui servait de base au commerce des esclaves avec l'Amérique) ; Esi sera enfermée et victime de cette traite négrière .
A partir de là, nous suivrons l'histoire des lignées d'Effia et d'Esi, en Afrique et en Amérique sur sept générations soit environ 250 ans. Au delà de ces récits particuliers, 'chaque chapitre étant consacré, en alternance, à des moments particuliers de la vie d'une personne de la lignée d'Effia et Etsi)c'est aussi une fresque historique que nous livre l'auteure, celle de la condition des Noirs et des afro-descendants , celle de l'héritage de l'esclavagisme et finalement de assignation identitaire, celle à une couleur de peau.
Un autre aspect de ce livre qui m'a beaucoup marqué et que Yaa Ghasi a su parfaitement retranscrire est celui de la mémoire du traumatisme initial (ici le feu (pour Effia) et l'enfermement (pour Esi), qui se transmet inconsciemment de génération en génération
Un livre que je conseille vivement