Libre circulation, principes, effets pervers et pragmatisme

Publié le 01 février 2019 par Christophefaurie
France Culture discutait de libre circulation, au sein de l'UE. Est-elle menacée ? Je n'avais jamais réfléchi au sujet. Je l'associais aux échanges d'étudiants et à l'accueil par les USA des victimes du nazisme. Mais j'ai toujours tort.
La libre circulation : une question de droits de l'homme ?
Derrière la libre circulation "moderne" se cache la main invisible de l'économie. En effet, la libre circulation fluidifie l'offre et la demande d'emplois. C'est peut-être cela qui est la raison numéro un de cette mesure. Pas du tout une question de droits de l'homme.
Mais, cela n'a-t-il pas des conséquences imprévues ? Un interviewé se félicitait de ce que cela avait permis aux Espagnols, en particulier, de trouver facilement du travail hors de chez eux. Mais, me suis-je demandé, cela ne tend-il pas à dégager la responsabilité des gouvernements en termes de chômage et de saine gestion de l'économie ? Une amie espagnole me disait que les Espagnols n'étaient guère heureux de devoir quitter leur pays, du fait du scandale spéculatif espagnol. (Ceux qui en ont été responsables on-ils été inquiétés ?) J'ai entendu la même chose au sujet de l'Irlande.
Autre effet pervers : les médecins roumains remplissent le "désert médical français", qui me semble lié à une limitation artificielle introduite par la profession. Les pays pauvres se font déposséder de compétences qui leur sont nécessaires. (Mais dans certains cas, il y aurait des effets positifs, disait l'émission. Je n'ai pas saisi l'argument, qui semblait compliqué.)
L'immigration : raisons et rites
L'émigration n'a apparemment pas que des raisons économiques. Mais l'émission n'a pas précisé lesquelles. Peut-être cela vient-il de ce que, pour certains, l'émigration est un rite culturel. En effet, contrairement à ce que prétendent les théories économiques, l'émigration emprunte des voies préalablement tracées. Par exemple, un pays va émigrer toujours vers le même pays. La circulation se fait généralement par étapes. Les nations hors UE émigrent vers les pays les plus accueillants (Portugal et Espagne), avant d'aller vers l'Angleterre, l'Allemagne et la France, les destinations préférées. Cela produit de curieux flux. Les Polonais sont partis, en masse, en Angleterre. Ils auraient été remplacés par des Ukrainiens...
De l'art de bien légiférer ?
Finalement, l'UE mettrait au point un système qui permettrait de maintenir le principe de libre circulation, en atténuant ses effets pervers : une sorte de système de réassurance des systèmes d'indemnisation du chômage locaux. Cela pourrait éviter des mouvements migratoires trop violents. Sans un peu de pragmatisme, les plus beaux principes se retournent contre leurs intentions ?