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Folamour

Par Jperino @Jonoripe

drfolamour.jpgDocteur Folamour ou comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe est un film réalisé par Stanley Kubrick. d'après le thriller "120 minutes pour sauver le monde" écrit par Peter Bryant. L'acteur principal du film est Peter Sellers.

En pleine guerre froide, le général de l’Armée de l’air américaine Jack D. Ripper, frappé de folie paranoïaque, décide d’envoyer ses B-52 frapper l’URSS. Le président des États-Unis (Peter Sellers) commande une réunion d'urgence dans la salle souterraine de commandement stratégique pour tenter d'éviter une guerre nucléaire.

Une belle journée.

(Texte piqué sur la page Facebook de l' AED. l'Association pour une Economie Distributive)

Toute ressemblance...

Derrière les fenêtres imposantes, le Président prenait son café. Autant dire qu’il savourait le meilleur moment de la journée, avant que les services secrets, le secrétaire au Trésor, ou ses conseillers viennent le harceler dès le matin, avec des problèmes insolubles, ou de l’embarrasser avec des questions sans intérêt et sans réponse.

Le soleil était radieux. Il pensait à sa fille et à ses deux fils. À sa fille surtout. Aux grands yeux bleus encore innocents de ses seize ans et tellement douée dans ses études de médecine – oui, répétait sa mère, elle veut devenir médecin du monde, quel exemple pour les électeurs, enfin pour les gens, quoi. Alors que sa femme ne voyait en lui que sa cravate mal centrée ou son oubli permanent d’inviter aux réceptions officielles sa meilleure amie - tout de même présidente bienfaitrice de la scientologie éducative - cette petite était la fierté de son de père.

En somme, il vivait pleinement sa vie trépidante de président.

Il était bien bon, ce café. Oui, Matthias, entrez. Détendez-vous mon vieux, vous me paraissez nerveux, ce matin. Rassurez-vous, nous ne sommes pas à la Chambre, hein ? Allez, regardez ce merveilleux printemps sur le parc, et servez-vous donc quelque chose.
Parlez calmement, mon ami, je ne vous comprends pas. 
Quoi des missiles ? Quels missiles ?
Il y a des missiles détectés par nos satellites, et ils ne sont pas à nous ? Eh bien alors à qui sont-ils nom d’un chien ?
Ne me dites pas que c’est Poutine, je l’ai encore eu hier soir au téléphone, c’est un type très correct, et fort bien élevé. Pas comme ce jeune canadien, là, comment s’appelle-t-il déjà ? Troudot, c’est ça ? D’accord, d’accord, ce n’est pas le problème.

Vous me dites qu’ils sont balistiques, ces missiles ? Ce sont des gros, alors ? Et il y en a beaucoup, en plus ? C’est très ennuyeux, ça, Matthias.
Quoi faire ? Mais je n’en sais foutrement rien, mon vieux, ce n’est pas mon domaine ; je n’y connais rien en missiles, pas plus qu’en économie d’ailleurs ; un peu en médecine, par ma fille, mais c’est tout. Appelez-moi le général qui s’occupe des missiles. Oui, Eastmoreland, c’est ça. Il est là ? Eh bien faites-le entrer, qu’est-ce que vous attendez ?

Bonjour, Jack. J’espère que vous êtes au courant ? Alors, votre avis ?
Je suis d’accord, il faut réagir en balançant les nôtres aussi, mais sur qui ? Vous savez d’où ils viennent ces foutus trucs ? Même pas. Je sais, Jack. Les services de renseignement ne font pas leur boulot, mais là, je comprends qu’on n’a pas le temps pour des réformes. 
Aidez-moi, remuez-vous les méninges. Tiens, que pensez-vous des chinois ? 
Non, à la réflexion, Xi Ping est trop policé, trop affable. Oui, Xi Jinping, si vous voulez. Les gros missiles, ce n’est pas son style, vous comprenez. Et puis il détient la plupart de nos bons du Trésor, plus que notre propre banque centrale, alors de toute façon ... Non, les chinois, ce n’est pas crédible.
Ah, j’ai trouvé. C’est encore ce Kim-il je ne sais quoi. Parce que, lui alors, c’est un vrai con, il est capable de faire n’importe quoi pour épater sa femme. Ses femmes ? Vous croyez vraiment qu’il en a plusieurs, comme les mexicains ?
Ah, ou alors ce sont les iraniens. Ils n’ont pas encore eu le temps de faire la bombe ? Tiens, c’est amusant, ça. Bon admettons, ce ne sont pas les iraniens.

Matthias, renseignez-vous, mon ami. Nous avons combien de temps, avant qu’ils nous tombent sur la figure, ces missiles ? C’est important pour la stratégie voyez-vous, parce que si nous avons vingt-quatre heures, on peut encore réfléchir, mais si nous n’en avons plus qu’une, il faut envoyer les nôtres, tous azimuts, tout de suite, et sur tout le monde. Par précaution, comprenez-vous ?

Matthias, ne soyez pas obséquieux c’est énervant. Faites ce que je vous ai demandé.

Jack, je suis désolé de vous le dire, mais vous ne m’êtes d’aucune utilité. Donnez-moi un conseil, au lieu de me répéter à tout bout de champ qu’il faut appuyer sur le bouton.
Oui, entrez. Ah, mon cher Henry, comment allez-vous ? Alors, le petit va mieux depuis son accident de vélo ? 
Oui c’est vrai, les missiles. Sérieusement, Henry, que pensez-vous de cette histoire de fous ? Rien ? Mais si vous ne pensez rien, Henry, pouvez-vous me dire pourquoi je vous ai nommé à la tête des services de contre-espionnage ? 
Bon, si je résume, personne ici n’a aucune idée du crétin qui a pris l’initiative de m’emmerder ce matin ?!

Allô ? Oui, Matthias. Il nous reste donc deux heures trente-cinq. Et il y a treize missiles ? Ou quinze, on ne sait pas, parce qu’il y en a déjà deux qui sont entrés dans l’atmosphère, et … pardon ? Il y a des nuages. Bien sûr, je comprends. _ Des nuages.
Messieurs, je me demande parfois à quoi peuvent servir les cinquante-trois milliards annuels que vous me faites investir dans les systèmes de défense tous temps, si on a perdu, je cite : « dans les nuages », la trace de deux missiles balistiques ennemis. 
Je sais, Matthias, nous n’avons plus que deux heures trente. Merci.
Allô ? Oui, non, Helen, je n’ai pas le temps ; et, je vais te dire … Helen, s’il te plaît, pas la scientologie, pas maintenant. Et cesse d’utiliser la ligne directe cryptée, je crois que je vais en avoir besoin et ça va sonner occupé, vois-tu ; tu peux comprendre ça, Helen ? Bien.

Alors, on fait quoi, Messieurs ? Vous avez pu réfléchir calmement ? Non, toujours rien ?
Je contacte Maria Fernanda Espinosa, la nouvelle secrétaire générale de l’ONU. Je sais, personne ne la connaît, c’est précisément pour cette raison que je l’appelle ; elle a peut-être des idées intelligentes.
Bonjour Maria. Moi aussi, ça me fait plaisir de vous entendre : je sais, chère amie, je ne vous appelle pas souvent, mais c’est parce que je ne me souviens pas toujours à quoi sert l’ONU. Ne le prenez pas mal, je plaisante. 
Bon, écoutez Maria, j’ai un sérieux problème. Ah vous savez ? Je croyais que l’information était classée militaire, excusez-moi. Avez-vous quelque chose à me suggérer, par hasard ?
Messieurs, elle me dit d’aller me … faire vérifier nos satellites, car leurs informations sont peut-être erronées. Elle a raccroché sèchement, mais ce n’est pas stupide. Vous regardez ça, Henry ? 
Henry ! Vite, s’il vous plaît.

En parallèle, Jack, préparez-moi quelques missiles de bon calibre prêts à être lancés sur, disons, la Corée - du Nord évidemment quelle question, et en évitant le Sud si ce n’est pas trop vous demander - et puis sur l’Iran et le Pakistan parce que personne n’y trouvera rien à redire, et sur la Tchétchénie, voire l’Ukraine, pour le petit coup d’œil à Vladimir, que j’aime bien.

Bonne idée, Matthias, je vais demander son avis à Netanyahou.
Salut, Benjamin, comment va ? As-tu pu réparer la pierre du Mur qui est tombée, là, dernièrement ? Ah c’est bien, ça ; pas trop de manifs ? Bien, bien. 
Bon, tu sais que j’ai un gros problème ; d’ailleurs tu le savais avant moi. Qu’est-ce que je peux faire à ton avis ? Rien tu crois ? 
Non, ce n’est pas possible ! Tu penses que ce sont des amis conservateurs de chez moi, qui ont bidonné des informations pour que je lance des représailles pour rien ? 
Tu ne le penses pas, tu le sais. Ah bon. 
Dis-moi, tu en as beaucoup comme ça chez toi, je veux dire, des extrémistes un peu foufous ? Oui, c’est ce que je pensais. Mais toi, tu les contrôles ; pas tous quand même, ça m’étonnerait.
Eh bien, en tout cas tu aurais pu au moins me passer un coup de fil.

Parce que je vais te dire, depuis ce matin j’en ai avalé mon café de travers.


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