Titre : Onibi, Carnets du Japon invisible
Scénariste : Olivier Pichard
Dessinatrice : Cécile Brun
Parution : Octobre 2016
L’atelier Sento est constitué d’Olivier Pichard et de Cécile Brun. Ils utilisent leurs voyages au Japon pour réaliser « Onibi », mélange de souvenirs et de fictions. Ils empruntent aux lieux et aux personnes qu’ils ont visités pour écrire une histoire faite de fantômes. Le tout est publié chez Issekinicho et pèse 126 pages.
Un carnet de voyage original
Dans l’introduction, la jeune femme achète un appareil photo censé permettre de prendre en photo les esprits. Mais la pellicule spéciale n’est pas bien grande et les photos sont limitées. S’ensuit alors une série d’anecdotes où le couple cherche des fantômes.
Chaque recherche commence de la même façon : les personnages vont sur un lieu, rencontres d’autres personnes qui leur parle de ce lieu, de leur vie, d’une légende… Et le tout se conclue par une photo où, bien évidemment, des fantômes apparaissent en surimpression.
Pour celui qui s’intéresse au Japon, ce livre est un carnet de voyage des plus pertinents. Loin des clichés du Japon moderne, les personnages sont toujours dans de petits villages à la campagne ou à la montagne. Un Japon rural en quelque sorte. L’aspect fictionnel, comme un fil rouge au-dessus, fonctionne bien pour lier l’ensemble. On voit bien les intentions des auteurs et c’est plutôt réussi. Malgré tout, en axant tout sur cette chasse de fantômes, les personnages manquent un peu d’épaisseur. Ils n’ont pas d’existence au-delà de leur vie au Japon (et on ne sait pas trop ce qu’ils font là, ni comment ils vivent). La lecture se révèle plaisante, confortable, mais pas plus.
Le système par chapitres montre un peu ses limites avec une forme de redondance qui s’installe. Malgré tout, en intégrant la notice de l’appareil photo, des post-it, des photos, un tutoriel sur comment développer la pellicule spéciale, le livre a une personnalité appréciable. Le travail sur la maquette de l’ensemble est très réussi.
Qui dit Japon, dit manga ? Cécile Brun possède un dessin très doux, bien mis en valeur par les couleurs d’Olivier Pichard, clairement influencé par les mangas. La façon dont les décors sont réalisés donnent parfaitement l’impression de feuilleter un carnet de voyage. Le dessin des personnages est moins réussi. En effet, les deux personnages principaux sont dessinés de façon très simple : ils n’ont pas de nez, lui n’a pour yeux que des points et elle que des grandes lunettes derrière lesquelles on ne distingue rien. Ce ne serait pas un problème si les autres personnages n’étaient pas dessinés de façon réaliste. Là aussi, on sent que ces personnes ont été de vraies personnes rencontrées. Du coup, la notion de ressemblance est entrée en jeu. Dommage. Le dessin perd de sa cohérence.
« Onibi » souffre un peu de son carcan. Sorte de carnet de voyage qui essaie d’ajouter une fiction par-dessus, ses défauts en découlent. Malgré tout, c’est un livre sympathique qui fait découvrir un Japon rural et peuplé de fantômes. Une belle façon de raconter ses voyages.
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