laisse-moi m’emparer de tes traits, de ta bouche
avant que tu partes.
Laisse-moi bien te regarder, tel que tu es juste maintenant,
tel que tu te tiens encore.
Puis tu iras là où tu seras un autre
à la même seconde.
– Dans une rue
entre mille rues
je puis peut-être rencontrer
un autre, celui que tu étais cette nuit. –
Mais celui que tu seras désormais
recevra tout mon poison dans sa coupe
Celui que tu seras désormais
Ne franchira jamais le seuil de ma maison.
***
Marie Takvam (1926–2008) – La rivière est un rai d’argent (Rafael de Surtis, 2000) – Traduit du néo-norvégien par Eva Sauvegrain et Pierre Grouix.