Lettre d’un père, cadre, qui grâce aux 35 heures voyait ses enfants tous les jours :
Monsieur le président,
Cadre dans une entreprise de 50 salariés, j’accueille avec stupeur votre proposition concernant les “35 heures” pour les cadres.
Gagnant 3 000 euros net, vivant à 60 kilomètres de Paris où je travaille (3 heures de transport collectif par jour quand il fonctionne bien et 3 h 30 le plus souvent), père de 2 enfants de 8 et 10 ans, marié à une fonctionnaire catégorie B (17 ans d’ancienneté et payée 1 700 euros net dans l’Assistance publique), je me réjouissais grâce aux 35 heures de pouvoir emmener mes enfants à l’école le matin et de rentrer assez tôt le soir pour les embrasser voire leur lire une histoire avant le coucher.
De temps en temps, grâce aux “RTT” du mercredi, il m’arrivait de pouvoir les emmener à leurs activités sportives et culturelles et de me retrouver avec eux. D’en profiter et qu’ils profitent de ma présence pleinement.
Travaillant un week-end sur deux et bénéficiant d’un jour de repos par semaine, je m’arrangeais pour m’offrir le maximum de mercredis avec eux.
Jusque-là j’étais heureux, je parvenais à concilier mon travail et ma vie de famille… un salaire correct et la possibilité de voir mes enfants.
Désormais, à cause de vous, c’est terminé…
Dans notre entreprise il n’y a pas de syndicat. Il y a bien deux délégués du personnel, mais ceux-ci ont été élus “par défaut”, parce que la loi veut qu’il y en ait. Ils ont des postes fragiles qui ne leur permettent pas d’être particulièrement virulents.
Dans quelques jours, mon employeur va réunir les cadres. Grâce à cette nouvelle loi, il va pouvoir nous faire venir plus tôt et partir plus tard sans que nous n’ayons d’avantage salarial conséquent puisqu’il va falloir payer la garderie le matin et le soir, et quelqu’un pour les accompagner le mercredi. Soit environ 100 euros par semaine…
Désormais, je partirai le matin sans faire un baiser à mes enfants, et je rentrerai le soir sans leur raconter une histoire. Désormais, mes enfants ne seront plus fiers de me montrer leurs progrès en escrime, au théâtre, au football ou au judo, le mercredi. Désormais lorsque je vais arriver le matin au travail je vais repenser à ces moments heureux où je pouvais les embrasser. Désormais le soir je vais m’en vouloir de ne pas être rentré plus tôt. Désormais je vais devoir trouver une réponse à leur question : “Pourquoi tu ne nous emmènes plus à l’école et tu ne nous racontes plus d’histoire papa ?” Désormais je vais être un père qui ne va pas s’épanouir dans son travail et qui va le considérer comme une corvée.Votre loi ne me permettra pas de gagner plus tout en travaillant plus et va même me faire perdre beaucoup : le privilège de voir mes enfants tous les jours.
Puissiez-vous lire cette lettre…
Cordialement.
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