La belle Fanny, de Pedro Lenz

Publié le 30 janvier 2019 par Francisrichard @francisrichard

Elle a tout, Fanny, elle a la grâce, elle a la profondeur, elle a de l'humour, elle a quelque chose de mystérieux, elle a la chaleur, elle a du style.

Louis, le peintre, décrit ainsi Fanny à Frank, l'écrivain, qui se fait appeler Jackpot. Mais ce dernier n'a pas besoin de ça pour en être tombé raide amoureux quand elle est sortie de chez Louis après y avoir posé nue.

Jackpot a enfin trouvé le fil rouge de son roman en cours. Sa littérature se nourrit de la réalité, celle de parieurs, comme lui. Louis lui conseille toutefois de transformer la réalité, comme l'art doit toujours le faire, sinon il sert à rien.

En allant voir son frère à Bâle, où celui-ci travaille dans la pharma, Jackpot croise cette fois Fanny à la gare d'Olten... Son frangin a un joli boulot, un joli bureau. Et comme Frank est fauché, il lui verse de quoi voir venir.

Quand il revoit Fanny à un vernissage, Jackpot échange trois mots avec elle. Il n'en revient pas d'avoir rendez-vous avec elle le lendemain dimanche pour rendre visite à un autre ami peintre, Grunz, hospitalisé.

Après cette visite, ils vont ensemble au Musée des Beaux-Arts. Jackpot est jaloux que Fanny pose nue, mais, elle, elle n'est pas gênée le moins du monde: J'aime bien m'montrer, du moins à quelqu'un qui sait regarder.

Tout au long de cette histoire d'amour (et d'humour) qui commence ainsi, Jackpot va faire preuve d'une terrible jalousie, alors qu'il n'a aucun droit sur Fanny et qu'elle n'appartient à personne (elle s'appartient à elle seule):

La jalousie est un poison qui se répand dans tout le corps, comme une grippe, mais en général elle y reste plus longtemps...

Cette histoire, faite surtout de dialogues, est aussi celle de l'amitié, celle de peintres, tels que Louis ou Grunz, ou de musiciens, tels que Gégé ou Henry, qui, de loin les aînés de Jackpot, se retrouvent souvent avec lui au bistrot.

Cette équipe aime bien Jackpot et le charrie. Le narrateur de la belle Fanny de Pedro Lenz fait lui-même dans l'autodérision, marri de perdre la raison parce qu'amoureux, même si, dans Carmen, Mérimée parle de la bêtise de l'amoureux:

Je sais pas si les femmes perdent la tête à ce point, quand elles tombent amoureuses. Pour moi y a que les hommes pour se rendre aussi ridicules...

Francis Richard

La belle Fanny, Pedro Lenz, 180 pages, Éditions d'en bas (traduit du bernois par Ursula Gaillard)