Stand aux mains de supporters de River Plate
(avec mayo industrielle)
Le choripán est un grand classique de l’asado argentin et de la street-food partout dans le pays : une saucisse sans paprika (appelée chorizo) cuite au-dessus des braises et glissée dans un petit pain, souvent chauffé auparavant sur la grille du barbecue (1). On arrose le tout avec une bière Quilmes (dans le meilleur des cas), Heineken (le plus souvent), un soda (du Coca, presque toujours) ou une eau aromatisée (et très sucrée). C’est l’équivalent du sandwich merguez que l’on vend aussi en France dans toutes les fêtes populaires, près des tournois de pétanque et autres kermesses villageoises.
Certes, les stands de choripanes ne respectent pas toutes les normes d’hygiène (c’est peu de le dire) et il était formellement déconseillé aux touristes européens de s’y essayer. Les estomacs des Argentins, eux, sont blindés. 100 % immunisés. Et puis la viande est cuite à cœur, comme pour tout ce qui est posé sur la grille de l’asado… Mais les questions d’hygiène ne sont pas du tout le motif de cette interdiction. Dans ce cas, il aurait suffi de mettre en place des normes et d’accompagner les vendeurs dans des formations qualifiantes en leur laissant quelques mois pour se mettre en règle.
Photo José Sánchez (pour Clarín)
Le motif invoqué s’inscrit dans la lutte contre la violence dans le football puisque les bandes de hooligans tiennent un certain nombre de ces stands, qui leur fournissent un financement qui leur permet ensuite de s’armer, de payer le loyer de leur local et d’organiser leur guerre urbaine à l’issue des matches. Les gouvernements, aux niveaux national et provincial, semblent être enfin engagés dans une stratégie de pacification du football un peu plus efficace depuis que la finale de la Copa Libertadores entre deux clubs argentins a dû être délocalisée après que des hooligans vêtus aux couleurs du River Plate ont monté un authentique guet-apens au car qui transportait l’équipe concurrente de Boca Juniors (voir mon article du 25 novembre et celui du 30 novembre 2018).
L’avenir nous dira s’il n’y a pas un motif caché, qui pourrait être de favoriser les cafés et restaurants installés aux abords des stades, qui profiteront ainsi des footeux qui voudront se restaurer, ou de mettre en place des espaces à food-trucks qui seront vendus à des concessionnaires pour une patente très élevée.
Pour en savoir plus : lire l’article de Página/12 lire l’article de Clarín
(1) Parfois, hélas, le pain est maintenant garni d’une odieuse mayonnaise industrielle (ça, c’est le stand où il ne faut pas s’arrêter, c’est ignoble).