À travers le portrait de ces deux paumés, David Joy dépeint une Amérique désenchantée, dont le rêve a viré au cauchemar depuis l’explosion de la bulle immobilière. Surtout dans ce petit village de Little Canada, frappé de plein fouet par un chômage qui annihile tout futur et ne garantit même plus aux habitants qu’ils tiendront jusqu’à la fin de la journée. Le genre de trou perdu où l’on crie « Yeah ! » au premier imbécile qui scande « Make America Great Again ! ». Comme quoi, l’on peut s’appeler Joy et tout de même dépeindre un environnement d’une noirceur étouffante.
Au milieu de tout ce désespoir, le lecteur tente de s’accrocher à des personnages profondément humains, malmenés par la vie et par un auteur qui donne le ton dès les deux premières pages. L’un est un orphelin traumatisé ayant fui son foyer d’accueil. L’autre, rejeté par sa propre mère, est revenu avec le dos et la cervelle en compote d’Afghanistan. Deux « White trash » exclus de la société, parqués dans une vieille caravane au fond du jardin de la mère de Thad, qui traîne elle-même un beau boulet derrière elle…
Un roman violent, profondément sombre, d’une intensité rare et porté par une plume percutante.
Le Poids du monde, David Joy, Sonatine, 320 p., 21 €.
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