Vous avez peut-être remarqué que l'entrée de nombreux chantiers de construction ou de sites dangereux comporte généralement un panneau " Safety First ", parfois décliné en plusieurs langues et accompagné du décompte de jours sans accidents du travail. Paradoxalement, ce qui ressemble à une bonne pratique s'avère contre-productif en termes de culture de sécurité. Mikael Mourey bouscule nos croyances et s'en explique de façon très stimulante dans son ouvrage " Révolutionner la santé et la sécurité au travail " :
" Le slogan " Safety first " est tout aussi embarrassant que celui de " culture HSE ". Si l'HSE est la priorité n° 1, quelle est la priorité n° 2 ? Les opérations ?... Ça veut dire que nous opposons toujours les deux ?
Prioriser revient à faire de l'HSE une entité à part entière, un greffon, plus ou moins volumineux " en plus " de notre activitéLe problème, c'est que ce qui est en plusdeviendra un luxe qu'on sacrifiera dans les moments difficiles parce que la pérennité de l'entreprise est la seule vraie priorité. Si la politique de santé et de sécurité de l'entreprise n'est pas fortement alignée avec l'objectif de pérenniser l'organisation, alors comment pourra-t-elle survivre dans les phases de crise ? L'intention très digne de faire de l'HSE une priorité de l'entreprise contribue paradoxalement à l'imaginer comme une discipline à partInventer la roue carrée Nous trouverions ridicule de penser qu'un pâtissier qui prépare des éclairs au chocolat doive " en plus " faire attention à ne pas empoisonner ses clients, qu'un policier qui assure la sécurité d'un évènement soit vigilant " en plus " à ne pas tirer sur les passants, ou encore que le moniteur de ski qui donne un cours à notre enfant veille " en plus " à nous le ramener entier en bas des pistes.
Dans votre organisation, la sécurité est-elle perçue comme un atout supplémentaire ou comme partie intégrante des opérations ? Mikael Mourey a étudié les organisations les plus innovantes et les plus performantes en matière de sécurité. Il en a tiré ce constat : ces organisations ont en commun d'avoir abandonné ce modèle du " Safety First " pour intégrer complètement la sécurité aux opérations et à la production. A quoi verrez-vous que vous avez atteint cet objectif ? Lorsque le directeur des opérations demandera systématiquement en réunion " Comment faire ce que nous venons de décider en toute sécurité ? "