La Belgique est elle devenue ingouvernable ? On est en droit de se poser la question, dans la mesure où depuis les élections législative qui ont eu lieu le 10 juin, les différents partis politiques ont été dans l’incapacité de former le gouvernement, en raison des divergences entre Flamands et Wallons sur la réforme des institutions.
Pour rappel, c’est le centre droit qui a remporté ces élections, avec une victoire des démocrates chrétiens (le CD&V) en Flandre, menés par le futur premier ministre Yves Leterme (plus connu en France pour ses bourdes, voir post précédent) et des libéraux francophones en Wallonie et à Bruxelles.
Plusieurs personnalités politiques ont été nommées par le roi Albert II à la suite des élections pour sonder les différents partis politiques sur les bases d’un consensus : informateur, médiateur, négociateur, explorateur… les titres abondent mais tous échouent dans leur mission. En effet, les désaccords sont profonds entre néerlandophones et francophones sur la manière de concevoir l’état central. La majorité flamande du pays (environ 60%) désire accentuer la décentralisation en régionalisant fiscalité, justice, droit pénal, nationalité…, ce que ne peut accepter la minorité francophone pour qui de telles mesures seraient les premières étapes d’une scission du royaume, par ailleurs souhaitée, selon les sondages, par un grand nombre de Flamands.
Un des dossiers sensibles de la négociation qui se joue actuellement entre les partis est l’arrondissement électoral et judiciaire de Bruxelles Halle Vilvorde (BHV) : cet arrondissement réunit la région de Bruxelles (à 90% francophone) et les circonscriptions flamandes de Halle et Vilvorde, permettant ainsi aux nombreux francophones de la périphérie bruxelloise de voter pour des partis francophones et d’être jugé en français. En effet, en temps normal, hormis dans les communes à facilités où les francophones ont des « facilités » leur permettant d’utiliser la langue française dans leurs rapports avec leur communes, le Flamand est seule langue officielle des communes flamandes : c’est ainsi qu’il est formellement interdit aux employés municipaux de ces communes de parler en français (comprenez bien que si vous vous rendez à la mairie de votre commune flamande pour une démarche administrative quelconque et que vous parlez en français, personne ne vous répondra, même s’ils comprennent et parlent le français). Les Flamands voient ce BHV comme le dernier obstacle à la continuité linguistique et territoriale de la Flandre et veulent le scinder, ce que refusent les francophones qui craignent de voir ainsi Bruxelles encore plus enclavée.
En attendant, les défilés et pétitions en faveur de l’unité de la Belgique fleurissent, faisant au passage le succès de sites comme lapetition.be, et les drapeaux belges s’accrochent aux fenêtres et balcons des maisons (à Bruxelles et en Wallonie en tous cas !).
Les récents accords obtenus par Leterme sur les thèmes de l’immigration et de la politique étrangère laissent penser qu’un gouvernement pourrait quand même être formé, d’ici la fin de l’année ; mais rien n’est moins sur…