En collaboration avec le cabinet Chronos et de nombreux experts du sujet, nous étudions la manière dont les villes s’adaptent aux enjeux de la mobilité. Emmanuel Bonnaud, Directeur adjoint logistique urbaine pour le groupe La Poste a accepté de nous présenter la stratégie de son Groupe en matière d’optimisation des flux de marchandises. Un nouvel exemple de la manière dont les entreprises conçoivent dès aujourd’hui la ville de demain.
Emmanuel Bonnaud, Directeur adjoint logistique urbaine pour le groupe La Poste
BYCN : Lors de vos interventions, vous évoquez une forme de « schizophrénie de l’habitant consommateur », comment définissez-vous cette attitude ?
Emmanuel Bonnaud : Nous sommes aujourd’hui au milieu du gué. D’un côté consommateurs, nous effectuons de plus en plus d’achats en ligne car c’est une solution pratique, économique et que les délais de livraison sont de plus en plus courts ; en témoignent les offres de sites e-commerce type Amazon qui promettent une livraison dès le lendemain. D’un autre côté, nous sommes aussi habitants, nous aspirons à vivre dans un environnement agréable majoritairement composé de zones piétonnes et de commerces de proximité, sans circulation de camions…
Ces deux modèles sont contradictoires. Par nature, les offres de livraison gratuites et accélérées mettent en danger les commerces de proximité et l’optimisation des flux de marchandises. Ils participent également à la précarisation du métier de livreur à travers l’apparition de modèles comme Deliveroo ou Ubereats dont on peut affirmer qu’ils s’appliqueront bientôt à l’ensemble des marchandises. Au Groupe La Poste, nous considérons la logistique urbaine comme une réponse à cette problématique.
BYCN : Quelles sont les solutions mises en place par le Groupe La Poste pour répondre à cette problématique?
Emmanuel Bonnaud : Notre stratégie s’articule autour de plusieurs axes :
Tout d’abord, une flotte de véhicules plus propre. Aujourd’hui, nous disposons de la plus grande flotte de véhicules électriques au monde (à savoir 11 000 véhicules) qui sont à la fois plus respectueux de l’environnement et de la santé des habitants.
Ensuite, une localisation des entrepôts en périphérie des villes pour limiter la circulation au cœur des centres urbains. Aujourd’hui, les camions des grands transporteurs sont en moyenne remplis à 20 ou 30%, nous proposons de leur permettre de déposer leurs marchandises dans des centres de mutualisation en périphérie des villes puis d’assurer une distribution à l’aide de véhicules plus adaptés aux centres villes.
Enfin, une optimisation des modes de livraison au sein des villes. Les camions ne sont pas du tout adaptés à la livraison au sein des villes, c’est pourquoi nous cherchons à développer de nouveaux modèles pour nos livreurs tout en diminuant la pénibilité du métier. Nous avons notamment développé l’utilisation de vélos-cargo et nous travaillons aussi au déploiement de remorques connectées pour nos livreurs à pied. Actuellement, nous développons un projet avec la startup Effidence, également utilisée par Bouygues Construction, pour réduire la pénibilité du travail de nos livreurs.
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BYCN : Comment définiriez-vous la ville idéale ?
Emmanuel Bonnaud : Pour moi, la ville idéale passe par une logistique urbaine optimisée où le foncier de proximité est accepté et où les véhicules de livraison peuvent circuler en heures creuses pour alimenter les sites intra urbain.
C’est également une ville où l’intelligence artificielle et la data sont exploitées en vue de mieux identifier les habitudes des consommateurs et les flux des transporteurs en vue d’optimiser la gestion des stocks mais c’est encore un autre sujet !