" [...] L'Achilléion et ses jardins, un palais qui semble une ville d'opéra-comique, des jardins qui paraissent un aperçu d'Eden.
Jadis, voici bien des années, durant l'hiver de 1860, est venue ici s'asseoir et rêver pour la première fois, celle qui, pliant sous le double fardeau du pouvoir et de la douleur, jamais ne put rester en repos, et que les peuples apitoyés surnommaient avec respect " l'Impératrice Errante ". De 1862 à 1898, épouse indignement trahie, et mère tragiquement douloureuse, parcourant le monde sans cesse de Madère à Venise, de Wight à Alger, d'Irlande au pays de Caux, de Troie à Biarritz, c'est à vingt reprises qu'Elisabeth d'Autriche est retournée dans l'île enchantée de Corfou. Et les paysans corfiotes s'inclinaient, profondément émus, devant cette image vivante du désespoir. Un moment elle crut avoir trouvé dans l'île délicieuse ce paradis rêvé qui la fuyait toujours, ce coin de terre idéal dont les calmes splendeurs pourraient enfin adoucir légèrement l''amertume immense de ses deuils sans nombre. [...]
Extrait d'un article de Georges-Gustave Toudouze publié en 1916.