[Critique] La Mule

Par Wolvy128 @Wolvy128

A plus de 80 ans, Earl Stone (Clint Eastwood) est aux abois. Il est non seulement fauché et seul, mais son entreprise risque d’être saisie. Il accepte alors un boulot qui – en apparence – ne lui demande que de faire le chauffeur. Sauf que, sans le savoir, il s’est engagé à être passeur de drogue pour un cartel mexicain.

Premier retour de Clint Eastwood devant et derrière la caméra depuis le fabuleux Gran Torino, en 2009, La Mule est un thriller dramatique, certes plutôt intéressant sur quelques points, mais néanmoins extrêmement mineur dans la riche filmographie du bonhomme.

En effet, si le message que le cinéaste américain tente de transmettre à travers le parcours du héros du film est forcément louable, et aussi – il faut le reconnaître – infiniment touchant, il s’exprime malheureusement à l’écran de manière bien peu convaincante. Outre l’usage de lieux communs éculés, l’extrême répétition des dialogues ou l’écriture trop faible des personnages secondaires, on regrettera surtout le côté générique de la réalisation. Sans forcément faire dans l’original, l’artiste américain nous avait effectivement habitué à une photographie minutieuse, apportant à ses œuvres un regard acéré, élégant et perspicace. Ici, l’ensemble paraît au contraire quelconque et fonctionnel, épousant sans faire d’étincelles une narration terriblement scolaire, consistant en une série de road trips plus tranquilles que passionnants. Il en découle, dès lors, un long-métrage d’une platitude absolue, incapable d’installer des enjeux forts et de construire des personnages consistants.

A l’exception de Earl, figure centrale du récit, aucun protagoniste ne parvient d’ailleurs à véritablement exister à l’écran. Un point problématique dans l’optique de conférer au propos une vraie portée émotionnelle. La famille, pourtant si importante dans le message du film, n’apparaît ainsi que trop rarement, et de façon souvent maladroite. Non seulement les échanges ne sont pas inspirés, mais ils semblent aussi parfois insérés sans soin entre les escapades routières de l’octogénaire. Il apparaît du coup difficile pour le spectateur de se sentir complètement concerné quand vient le temps de la rédemption. Finalement, les scènes les plus marquantes du long-métrage sont peut-être celles impliquant Clint Eastwood et Bradley Cooper, les dialogues étant pour une fois riches de sens. Malgré cette relative déception formelle et scénaristique, La Mule n’est cependant pas une catastrophe, le film pouvant compter sur le charisme du comédien, ainsi que sur ses similitudes touchantes avec le personnage, pour maintenir l’intérêt pendant près de 2 heures.

Pour son premier retour devant et derrière la caméra depuis Gran Torino, Clint Eastwood signe donc un drame intéressant mais mineur. Peu inspiré, tant sur le fond que sur la forme, le film manque malheureusement trop de nuance et de hauteur que pour vraiment convaincre. Reste toutefois un acteur charismatique et un message familial touchant.