C’est pendant la visite de l’exposition Persona Grata au Musée national de l’histoire de l’immigration que j’ai entendu parler du livre d’Émilie de Turkheim. L’œuvre est celle de Laure Prouvost, une silhouette en métal tenant un plateau sur lequel il y a quelques tasses pour le thé. C’est une scène récurrente dans le livre : « Reza est le Prince à la Petite Tasse. Celui qui a pris ses repas dans la boue des camps de réfugiés, et qui, arrivé chez ses hôtes, ne peut boire son thé que dans une tasse de fine porcelaine, redevenant le prince qu’il n’a jamais cessé d’être. » Et c'est lui qui sert le thé.
Le livre est un journal, celui que tient l’auteure quand, avec Fabrice et leurs deux enfants, elle accueille un réfugié afghan de 21 ans présenté par le Samu social. Récit de plusieurs mois de cohabitation, d’hospitalité. « L’hospitalité est accueil réciproque. Le mot « hôte » en français suggère à la fois que l’accueilli est accueillant et que l’accueillant devient accueilli. » (Lu dans l’exposition)
« Combien de preuves ?
Combien de gages ?
Combien de temps?
Avant d’accorder sa confiance à l’Étranger.
Un regard et tout est sûr et certain.
Un regard, c’est tout. »
Parce que c’est de confiance qu’il s’agit.
Émilie de Turckheim et sa famille ont accueilli un jeune réfugié afghan dans leur appartement à Paris. On pourra ne pas se reconnaître dans cette famille qui n’a pas la télévision et choisit sa nourriture en évitant les supermarchés, le trop gras, trop de viande. Elle, qui est aussi visiteuse de prison, ne porte pas de jugement, elle ne fait que témoigner de son écoute, de son accueil et ce témoignage mérite qu’on s’y attarde un peu.