Avec Mads Mikkelsen en tête d'affiche du nouveau film d'action made in Netflix, on se disait que Polar serait sympathique. La déconvenue s'est avérée glaciale.
A quelques jours de la retraite, le meilleur assassin du monde se voit traqué par ses collègues. Un pitch qui laissait augurer du meilleur pour Polar, du moins d'une bonne grosse claque musclée à la John Wick, sauf que le film de Jonas Akerlund adapte très pauvrement le webcomic éponyme de Victor Santos, misant tout sur la forme (et encore on est gentil), oubliant totalement le fond.
Le cul entre deux chaises, Polar est un criant exemple de film malade. Inassumé alors que le délire violent se prêtait à un traitement décomplexé, on se demande ce que Mads Mikkelsen est venu faire dans cette galère proposée par Netflix. Si l'acteur danois sauve le film avec son seul regard et une séquence d'action excellente dans la lignée du sauvage Guerrier silencieux, son rôle laconique traduit notre impassibilité face à un long métrage bancal et mal fichu.
Polar fait froid dans le dos !
Polar tente malgré lui d'introduire un monde assassin cocaïné, à l' image complètement saturée de couleurs vives. Avec son expérience de réalisateur de clips métals, Akerlund use de tous les artifices pour tenter de dynamiser sa mise en scène, des cartons typographiques nominatifs aux écrans scindés en passant par un montage dynamique, alterné et épileptique. Un rendu gerbant bardé de références à la pop-culture sans aucune narration, renforcé par une dose d'humour raz les pâquerettes et une image de la femme pire que dégradante, sauf quand elle est inexistante comme le sont Katheryn Winnick et Vanessa Hudgens. Mais on est dans un film de bonhommes, nostalgique des actioners des 90's, alors faut pas déconner non plus...
Puis vient la surprise, avec une seconde partie plus maîtrisée. Polar s'assume et nous propose ce pourquoi nous sommes venus, à savoir un Mads Mikkelsen tout en muscles et couvert d'hémoglobine qui flingue des méchants à la pelle. Brutal et sans concession, la violence crue est montrée plein cadre, trouvant presque un réalisme alléchant à cette (pseudo) parodie de film noir d'antan. On retrouve l'aspect mutique du webcomic, entièrement muet, où le film fait honneur au personnage laconique qui ne décrochera plus un mot avant d'avoir accompli sa mission sanglante. Les os se brisent, les ennemis s'empilent et même si le méchant en fait des tonnes (ridicule Matt Lucas), la forme devient jouissive, presque plaisante.
Dommage qu'un twist de dernière minute vienne tout foutre par terre, histoire d'enterrer notre plaisir et la possibilité utopique d'une suite à Polar, ce nanard oubliable, et déjà oublié. Pauvre Mads.
Polar est disponible sur Netflix.
(Visited 1 times, 18 visits today)