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Ballast (tenir tête, fédérer, amorcer), numéro 7

Publié le 22 janvier 2019 par Onarretetout


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Vous entrez dans ce numéro 7 de la revue Ballast en vous glissant dans une rencontre improbable il y a encore peu de temps : trois femmes, une éducatrice spécialisée, une aiguilleuse de trains, une aide médico-psychologique dans une maison de retraite. Trois femmes en lutte pour la dignité. Trois femmes que le lecteur retrouvera plus loin dans la revue. Cette première rencontre éclaire assez bien l’esprit de la revue : militante, sans dogme.

Et nous faisons connaissance avec Issa, né au Mali il y a 62 ans et vivant à Malakoff où il travaille à balayer les rues d’un quartier, un de ceux qu’on ne voit pas, et qui peut-être, certainement, connaît mieux que vous le quartier où vous habitez. (article d’Anne Feffer)

Quelques pages plus loin, c’est Florence Aubenas : « ce qui m’intéresse, dit-elle, ce sont les gens ordinaires pris dans l’extraordinaire », la guerre, l’injustice, l’exploitation au travail. La Syrie, l’affaire d’Outreau, les conditions de travail à Ouistreham, la grève dans une maison de retraite à Foucherans. Dans cet entretien, elle s’exprime aussi sur la liberté de la presse, dénonçant l’auto-censure de certains journalistes : « La liberté de la presse n’existe que si on la pratique ». 

Et puis, cette discussion entre Assa Traoré et Angela Davis, l’une agissant pour que la vérité soit dite à propos de la mort de son frère Adama dans la cour d’un commissariat et que justice soit faite, l’autre témoignant de son action depuis tant d’années et s’interrogeant sur la notion de convergence des luttes à quoi Assa préfère le terme d’alliance. Toutes deux disent d’une part l’importance du féminisme dans les luttes d’aujourd’hui et que l’on ne peut séparer cette cause des autres causes (antiracisme, anticolonialisme, lutte contre l’esclavage) toutes étant provoquées par les violences subies dans la société, l’organisation économique, parfois la famille. « Nous n’avions ni les mots, ni le contexte pour comprendre la connexion, dit Angela Davis. Maintenant nous les avons. »

Un long article présente Claude Cahun, photographe, poète, née Lucy, nièce de Marcel Schwob (auteur du Livre de Monelle), son engagement dans la vie à cette époque où l’engagement des poètes était confronté à des noms comme celui d’Aragon, ou à des situations comme l’occupation allemande et l’idéologie nazie. Une vie engagée certes, mais aussi une activité sans doute trop méconnue dans son siècle. Quelques citations relevées dans cet article passionnant : « Masculin ? Féminin  ? mais ça dépend des cas. Neutre est le seul genre qui me convienne toujours. » - « Le féminisme est déjà dans les fées. » - Le poème n’est puissant que d’être l’irrésistible traduction d’une « force d’émotion instantanée d’un moment quelconque de la vie intime ou collective » du poète. (article d’Adeline Baldacchino)

Je n’ai pas lu tous les articles de cette revue mais j’extrais de l’un d’eux cet hommage à Jules Durand, syndicaliste charbonnier du Havre mort en 1926 dans un asile psychiatrique, rendu fou par les puissants d’alors qui l’ont accusé à tort, en 1910, de la mort d’un chef d’équipe non gréviste, condamné à la peine capitale par décapitation, puis innocenté en 1918, erreur judiciaire majeure destinée à stopper un mouvement revendicatif. (article de Léon Mazas et de Djibril Maïga)

On trouve la revue Ballast en librairie.


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