Frère d'âme, roman de David Diop, août 2018, Seuil, 174 pages, 17€.
Prix Goncourt des lycéens 2018, ce roman relate une part plutôt méconnue de la Seconde Guerre mondiale : la vie des tirailleurs sénégalais. Alfa Ndiaye voit son " plus que frère ", Mademba Diop, mourir devant ses yeux dans les tranchées. La folie l'emporte, et il décide de venger son ami, son frère, son compagnon de guerre, en coupant les mains de l'ennemi et en les rapportant en trophée. Alfa Ndiaye ne tue pas dans la masse, il choisit son ennemi, le tue méthodiquement et découpe toujours cette main qu'il garde précieusement. Les premières fois, il est arrivé en héros dans son camp. Au bout de la troisième et quatrième fois, ses camarades ont commencé à se poser des questions sur son état mental. Même si c'est l'ennemi, il est interdit de mutiler, et encore moins de garder un morceau des corps en trophée...
Ce roman pose surtout la question de la folie dans les tranchées, de la prédisposition des hommes à aller combattre, à devoir affronter la mort de leurs camarades devenus amis. Personne n'est préparé à la guerre, et elle peut rendre fou. David Diop écrit ce roman à la fois crûment et simplement. On le lit d'une traite, avec effroi et fascination pour ce personnage auquel on s'attache malgré sa folie. Folie que l'on comprend au regard de ce qu'il a vécu. Un roman fort qui mérite amplement son Prix Goncourt des lycéens !
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