Quatrième de Couverture
Marcel Pagnol grandit et poursuit de nouvelles vacances d’été dans les collines du Garlaban, ensuite ce sera le moment d’entrer au Grand Lycée de Marseille (le Lycée Thiers). Et entre cette rentrée de grand garçon et ce début des vacances, milles tracas, milles secrets vont venir émailler ces tendres moments à la Bastide Neuve.
Au fil des rencontres, Pagnol apprend avec fierté ce qu’est la vie, les amis, les chagrins. De cette période charnière après l’enfance inconsciente, "Le temps des secrets" donne les éléments de réflexion.
Mon avis
De nouvelles vacances commencent et Marcel est heureux de pouvoir reprendre ses petites habitudes dans les collines. Seulement, ses plans sont rapidement remplacés par la nouveauté, par l’amour, par l’amitié que l’on met de côté, par les secrets que l’on garde, les compromis que l’on croit faire pour le bien de tous… Et c’est la fin de l’enfance qui se profile à l’horizon, cette chère et tendre enfance…
Comme pour les deux premiers tomes, je me suis laissé entraîner le cœur battant au cœur des collines, ravie de pouvoir à nouveau sentir le thym, le romarin ou entendre les cigales répondre aux caresses du soleil. Le Temps des secrets est un tournant dans ces Souvenirs d’enfance, un tournant annoncé par le flashforward de la fin du deuxième tome où l’on nous annonce à quel moment aura lieu l’arrêt définitif de l’enfance de Marcel.
Ici, Marcel grandit. Il est ce garçon, plus tellement petit, qui a pris du grade en changeant de classe, qui a de nouvelles idées en tête, qui a bien saisi les mensonges des adultes et qui a appris à faire sciemment des choix légèrement égoïstes. Il découvre les premiers émois, il apprend à jongler entre promesses à tenir et envies irrépressibles et, surtout, il découvre que grandir c’est acquérir de nouvelles responsabilités dont on se serait bien passé.
Le Temps des secrets est aussi beau qu’il est mélancolique, parce qu’il nous ramène en même temps que Marcel Pagnol à cette tendre époque où tout était simple. Mais, surtout, c’est sur le pont qui nous fait sortir de l’enfance qu’il nous mène, ce pont vers lequel on s’est tous élancés tête baissée avant de comprendre, une fois plus de la moitié franchie, que reculer n’était plus possible et que cette douce enfance que nous quittions alors était la période la plus facile et tendre de notre vie. Ce pont nous a conduits vers de nouvelles aventures mais, le prix à payer a été celui de l’innocence et de la prise de conscience de la réalité.
Qu’il était bon, ce temps de l’enfance, des jeux à n’en plus finir, des heures passées à gambader, à inventer des histoires, à attendre que le jour décline pour reposer ces petits corps que nous épuisions de rires et découvertes, que nous écorchions au fil de nos balades, de nos explorations d’aventuriers sans peur et sans limite.
Comme nous, on sent que Marcel Pagnol donnerait tout pour revenir quelques temps en enfance, pour ne pas peiner son ami, son frère, ses parents et surtout, le petit garçon qu’il était à l’époque. Comme il le disait en parlant de ce livre : « C’est cette époque de notre vie que j’ai voulu décrire dans ce livre. Elle est très importante, car c’est comme une seconde naissance : c’est à ce moment que nous commençons à apprendre que rien n’est facile, et qu’il ne suffit pas d’aller pleurer sur l’épaule de sa mère pour obtenir ce que l’on veut. »
Je n’ai pas encore lu le quatrième tome et ne sais pas si je le ferai : publié posthume, j’ai peur de lui trouver un goût d’inachevé ou d’être déçue de ne pas y retrouver la magie de l’enfance maintenant que le jeune Marcel a franchi un cap dans son apprentissage. Un jour, peut-être, mais pas tout de suite, pour faire durer encore un peu la magie des collines, des Bellons, de la Bastide, de la Treille, des cigales, de cette garrigue que j’aime tant.
« Dans les pages qui vont suivre, je ne dirai de moi ni mal ni bien : ce n’est pas de moi que je parle, mais de l’enfant que je ne suis plus. C’est un petit personnage que j’ai connu, et qui s’est fondu dans l’air du temps, à la manière des oiseaux qui disparaissent sans laisser de squelette. »
« Je pris fort vaniteusement la pose. Le petit Paul avait lâché ma main, mais à grand regret : il n'attendait qu'un signe pour venir se planter auprès de moi : mais la gloire gâte le cœur des hommes, et ce signe, je ne le fis pas. »