On dit de 1969 qu'il s'agirait peut-être de la meilleure année musicale depuis que le musique est devenue largement commerciale.
Ça se discute.
Mais il est vrai que lorsqu'on regarde tout ce qui est sorti, des noms durables, des légendes, des classique musicaux, ça se comprend aussi.
C'était l'année du festival de Woodstock. Suivi des atrocités commises par le clan Manson, qui mettait un terme au mouvement hippie comme oasis de paix et de sérénité. C'était aussi l'année de ces 50 albums. Que je crois important de souligner, 50 ans plus loin.
Boz Scaggs, de Boz Scaggs 1er janvier.
Après 2 albums avec le Steve Miller Band, Boz se retrouve seul. Fantaisie americana, parfois soul, parfois blues, parfois country, parfois R & B. Sous-estimé artiste.
Initials B.B., de Serge Gainsbourg 3 janvier.
Les albums de France nous arrivait souvent avec quelques semaines de retard. Ce qui reste étonnant puisque les albums d'Angleterre arrivaient souvent en même temps qu'ils étaient lancés en Europe. On oubliait le petit marché francophone Québécois. Serge et son amoureuse Brigitte Bardot conjuguent leurs talents sur cet album de seulement 31 minutes, mais qui ne contient que des hits!
Le Bal des Laze de Michel Polnareff, 10 janvier.
Il a fait un malheur 3 ans avant, il commence à innover sur scène, dans sa musique, ses tenues, et ses mise-en-scène. Même en studio, il y va de trouvailles, enregistrant les choristes en faisant tourner un micro au dessus de leurs têtes.
Led Zeppelin de Led Zeppelin 12 janvier.
Page bâti son band en plus lourd qu'Hendrix, Beck ou Cream. Des guitares texturées, du rythme lourd, du rock qui vieillit extrêmement bien. Légendaire band qui écrira l'histoire du hard rock et du heavy metal. Et qui ne fait que commencer à impressionner.
Un Peu Plus Loin, de Jean-Pierre Ferland 17 janvier.
Notre Jean-Pierre enregistre en France. Sa chanson titre est ma préférée de lui. Les deux versions. Celle en duo, et celle qui donne le titre à ce disque. Grand J-P.
Yellow Submarine, des Beatles 17 janvier.
Moins un album qu'une trame sonore, la fin approche pour les Fab Four. Mais cet album reste très accessible, très familial, très bédéesque, 7 à 77 ans. Idéal pour appuyer un film d'animation. Pop bubble gum.
Personne n'arrivait à la cheville des ses 4 larrons en foire.
Soul'69 d'Aretha Franklin 17 janvier.
Toujours le même jour, de trois pays différents, était lancé un album interprété par quelqu'un qui serait une légende. Ici une quelqu'une. Plus jazzée que le "soul" annoncé, passionnée et en pleine possession de ses moyens, à son 17ème album, à seulement 27 ans.
L'Opportuniste de Jacques Dutronc 24 janvier.
Je vous l'ai dit, les albums Français nous arrivaient plus tard, et souvent, dans un désordre étonnant. Comme en fin de parcours où tous les tests avaient été faits au préalables, ailleurs dans le monde. J'ignore si Dutronc a fait mouche ailleurs qu'en France, mais ici, il nous excitait depuis longtemps et cet album rajoutait de la couleur au fumeur de cigare aux cheveux oranges avec son vocabulaire bien à lui (mythofemme, Vangauguin, berzingue).
Françoise Hardy en Anglais 31 janvier.
La délicieuse épouse de Jacques Dutronc lançait un album pour nous la semaine suivante, en anglais, un album qui pourtant, existait déjà depuis trois ans en Europe. Mais Françoise on l'aimait de toutes les manières.
Quebec Love, 7 février.
Le premier Garou était fameux. Le reste encore un peu. Sur scène plus que sur disque. Charlebois est un amoureux de la musique. Véritable. Bon! le lien que je vous ai mis est une usurpation, l'album ne contenait que Te V'là, Les Ailes d'un Ange, Le Canada, Tout Écartillé, Sensation, Québec Love, Ôôô Mango, Broches de Bécik, Sûrement Hong Kong et La Fin du Monde. Déjà beaucoup.
20/20, 10 février.
Cet album n'en est pas un complètement, plus un ramassis d'enregistrements faits ici et là. C'est que Brian s'est mentalement effondré depuis peu. Et on veut garder le feu vivant. On y trouve une de ses toutes dernières compositions d'envergure. Un des morceaux serait aussi une composition de Charles Manson qu'il était plus délicat d'attribuer à Dennis Wilson au final.
Goodbye de Cream 5 février.
Après seulement trois ans d'existence, et autant d'albums, le trio se saborde. Il nous l'annonce en titre. 6 chansons qui sont surtout des performances musicales. Autant à la base de Jack Bruce, qu'à la guitare de Clapton, qu'à la baterie de Ginger Baker. George Harrison co-signe le morceau le plus court. Mon morceau préféré du band.
Odessa des Bee Gee's 28 février.
Étrangement cet album double a divisé les frères Gibb. C'est, selon plusieurs l'un de leur meilleur. C'est un album très orchestral, qui devait être conceptuel mais qui est devenu finalement très varié. Et fort apprécié pour toute la diversité offerte par les trois frères australiens.
The Velvet Underground, 1er mars.
Le troisième album du band a dû surprendre son public autant que les deux premiers lancés dans les deux années précédentes. Après avoir testé les limites du rock et de la pop sur les deux premiers, cet effort est plus doux et tranquille. L'album clôt même sur une espèce de comptine chantée par la maladivement timide Maureen Tucker, batteur du band. J'adore ce groupe défiant tout entendement.
From Genesis to Revelation de Genesis, 7 mars.
Ce n'était que le tout début des carrières de Peter Gabriel, Tony Banks, Steve Hackett, Anthony Phillips et Mike Rutherford (Pas Phil Collins encore). Cérébralement progressif, mais aussi assez lyrique. Et pas encore pompeux.
Songs From a Room, de Leonard Cohen 7 avril.
Leonard voulait y enregistrer son premier album, à Nashville, mais c'est son second, celui-là, qu'il enregistrera là-bas, avec le producteur de Bob Dylan, Bob Johnston, et il lui emprunte aussi quelques musiciens de sessions. Ça le brouillera avec Bob. Cohen n'en gardait pas un très bon souvenir. C'est pourtant un excellent album.
Nashville Skyline, de Bob Dylan, 9 avril.
EN PLUS, Cohen lance son album une semaine avant Bob! Premier album suite au prétendu accident de moto de Dylan. Plus country, modulant même sa voix différemment. En plein changement de peau. Mais toujours fameux.
Bécaud , de Gilbert Bécaud, 11 avril.
Les directions musicales sont du grand Jean-Claude Vannier et l'homme de 10 000 volts plait à tous.
Green is Blues de Al Green 15 avril.
Ouuuuuuh! la voix de Green, douce et veloutée, et son interprétation, digne d'un pédicateur d'église. La religion devenant musicale.
Leo Ferré 18 avril.
Je ne sais même pas si c'était un album en France, mais nous on le découvrait par ça. OH QUE C'ÉTAIT EXTRA!
Clouds de Joni Mitchell 1er mai.
Second effort du merveilleux talent manitobain. Remarquable vocalement et subtile dans l'expression avec comme unique accompagnement sa guitare. Une brillante carrière se met en marche.
Joe Dassin 2 mai.
La sortie est en France, et pour dire vrai, l'Amérique ne goûtera au talent de Joe pas avant un an, encore. Mais qu'est-ce qu'on l'aimera! Encore de nos jour, c'est un favori toute catégorie d'âges confondues. Cet album, expurgé de chansons moins punchées des 5 dernières années, n'existe probablement qu'ici.
Stand! de Sly & The Family Stone, 3 mai.
Sly et son entourage devient larges consommateurs de drogue durant cette année où les Black Panthers leur suggèrent de se politiser davantage et font limoger les trois blancs du band, dont le gérant.
Everybody Knows This is Nowhere, de Neil Young, 14 mai.
Neil compose les trois morceaux les plus importants de cet album, (Cinnamon Girl, Cowgirl in the Sand, Down By the River) son second en solo, en un après-midi où il souffre de fièvre. Beaucoup de longs jams à la guitare avec les Crazy Horse, qui feront 11 autres albums avec Neil.
Tommy, de The Who. 23 mai
From Elvis in Memphis, 1er juin.
Le King y signe même un disque, c'est dire si tous les grands noms y sont réunis. Un premier album en 14 ans d'absence de Memphis, et un formidable cadeau à ses fans. Du white soul.
Jane Birkin & Serge Gainsbourg 4 juin.
Serge réenregistre une immortelle avec Jane Birkin, puisque que Brigitte est mariée et se sent inconfortable de son effort avec Gainsbarre. Serge prolonge le plaisir et enregistre un album entier avec la jeune actrice anglaise. Il se feront une vie ensemble pour un temps, ensuite.
Empty Sky, d'Elton John, 6 juin.
C'est le tout début d'une fameuse carrière pour le jeune pianiste de Middlesex, en Angleterre. C,est aussi le début d'une des plus longues collaborations entre musicien et paroliers avec Bernie Taupin.
Concerto in B Goode, de Chuck Berrry, 17 juin.
Blues, rock'n roll et psychédélisme par le maître lui-même, en 5 morceaux, dont la pièce titre qui fait toute la Face B.
Les 12 premières chansons de Léo Ferré, 27 juin.
On l'a tant aimé un peu plus tôt, on veut nous le vendre davantage. Poètes! vos papiers!
The Soft Parade de The Doors, 21 juillet.
4ème album de Jim, Ray, Robby & John, en seulement deux ans. Expériences avec des cuivres, Expérience de Krieger au chant, grenouilles de paix, bonheur auditif pour ce qui est considéré comme le plus faible des albums des Portes (pas d'accord).
In a Silent Way de Miles Davis, 30 juillet.
Stratégique et dramatique construction musicale du fantastique Miles, ne cherchez pas des mélodies, nous sommes en territoire de laboratoire et l'ambiance musicale y est, comme toujours, formidable. Une musique presque...silencieuse...
Santana, 1er août.
Le groupe n'avait pas de nom. Mais comme c'était Carlos qui avait été enregistrer le band, il a choisi son propre nom de famille. Avant lui, la musique rock d'Amérique du Nord orientait ses jams sur le blues, le jazz, le soul ou les influences autochtones ou indiennes. Santana, dès son premier album, a ajouté l'influence latine. Qui a changé le monde musical à jamais.
Green River de CCR, 5 août.
La bande aux frères Fogerthy connaissent une année 1969 assez magique. Jamais ne seront-ils plus populaires. Ce ne sera pas moins de 3 albums que lanceront le band cette année-là. Les faisant jouer à outrance partout. Jusqu'au Vietnam, où les jeunes américains s'occupent à mourir.
Barbajagal de Donovan 11 août.
Dans une phase extrêmement créative depuis fin 1967, Donovan Leitch est surstimulé et son album est aussi surstimulant. Le Jeff Beck Group est son groupe de support pour les deux premiers morceaux, un band qui comprend Big Jim Sullivan à la guitare et John Paul Jones à la base. Atlantis, à elle seule, vaut tout l'album, à mon humble avis. Folkie.
The Pious Bird of Good Omen de Fleetwood Mac 15 août.
Avant l'exportation aux États-Unis et les arrivées de Lindsay, Stevie & Christine, les Anglais Mick Fleetwood & John MacVie frayaient en Angleterre avec Peter Green. Et profondément dans le blues. Santana repopularisera un morceau de cet album, à jamais.
My Cherie Amour de Stevie Wonder 29 août.
Déjà un 14ème album pour Stevie qui n'a que 19 ans! Un talent musical indéniable que ne fera que cartonner dans les deux décennies suivantes.
Five Leaves Left, de Nick Drake 1er septembre.
Ce premier album de l'hypersensible Nick est d'une rare beauté acoustique et vocale. Il n'en fera que trois, choisissant de se supprimer à notre planète, frustré du manque de reconnaissance de son oeuvre. Si douce et appréciable.
I Got Dem Ol' Kozmic Blues Again Mama! de Janis Joplin, 11 septembre.
Elle survivra encore presque 13 mois celle-là. Et bien que pas aussi bien accueilli que son prédécesseur, le blues, le rock, le talent vocal et artistique est tout simplement intense et montre un réèl progrès musical collectif, pas seulement vocal.
Hot Buttered Soul d'Isaac Hayes, 23 septembre.
Force majeure du soul tricoté aux claviers, Issac est un incontournable du son noir d'Amérique. Cette album n'en fait pas encore une icône, mais il ne tardera pas à le devenir dans les années 70, avec les mouvements en faveur des droits civiques, aux États-Unis. Beurre Chaud.
The Band, 26 septembre.
Pas de nom de groupe, pas de nom d'album. Le premier effort, avec Dylan, était un long ramassis de chansons tirés de la tragédie rurale. Le second effort est pris en charge majoritairement par le guitariste canadien Robbie Robertson qui signe ou co-signe les 12 chansons. Americana.
Abbey Road des Beatles, 1er octobre.
Le dernier album enregistré comme groupe (mais avant dernier publié) est un collage de plusieurs commencement de chansons en collégialité et c'est un véritable bel effort considérant que le groupe n'est plus en harmonie, sinon dans les voix en studio sur Because, mais encore, ils ont fait appel à des groupies dans les voix. Même désunis, les Beatles créaient des chefs d'oeuvre.
Arthur (or the Decline & Fall of the British Empire) de The Kinks 10 octobre.
Sur papier, cet album concept racontant l'histoire d'un homme choisissant de s'établir en Australie après la Seconde Guerre Mondiale, peu paraître un brin pompeux. Mais à l'oreille Ray Davies est toujours sur la coche. Bien que ce ne soit pas complètement ainsi qu'on eût dû le dire alors.
Hot Rats, de Frank Zappa, 10 octobre.
Premier album solo de FZ sans les Mothers of Inventions, avec lesquels il avait aussi lancé un album un peu plus tôt, cette même riche année. Longs jams faisant se croiser sophistication jazz et attitude sale de rock'n roll.
Led Zepelin II, 22 octobre
Enregistré dans l'urgence d'une tournée qui les faisait promouvoir leur effort de début d'année, Led Zep score encore plus fort. Et offre un calque aux groupes de hard rock pour les années à venir. Il ne vieillit pas encore ce son.
Ummagumma, de Pink Floyd, 25 octobre.
Album double, dont la première partie est entièrement en spectacle et la seconde est l'une des plus expérimentales du band. Les 4 membres écrivent seuls des morceaux. Phénomène qui sera de plus en plus rare chez Pink Floyd, où Waters assoira une dictature de la composition, peu à peu.
Space Oddity,de David Bowie, 4 novembre.
Le début d'une magnifique odyssée.
Willy & The Poor Boys de CCR 10 novembre.
Bluesy et en quelque part, amusant album, là où le prédecesseur (de quelques mois seulement) était plus sombre. John Fogerthy chante encore le travailleur moyen et garde une rage bien du sud au bord de la gorge. La présence de l'harmonica est formidable.
Let It Bleed des Rolling Stones 5 décembre.
On parlait de Let It Be, qui ne sortira que l'année suivante, toute l'année. La blague du Let it Bleed, des mauvais garçons du rock'n roll tombe un peu à plat avec le temps. Mais l'album, le premier à faire entendre le fameux Mick Taylor, et le dernier à faire entendre le tout aussi fameux Brian Jones, reste un excellent album, dont le numéro d'ouverture me donne toujours des frissons.
Comme à La Radio de Brigitte Fontaine, Areski et le Art Ensemble of Chicago 26 décembre.
Amusant, frondeurs, audacieux, Brigitte et Areski sont toujours un plaisir de tous les sens. Ici, avec un orchestre assez remarquable.
19169, peut-être pas LA meilleure année musicale ever.
Mais elle réunissait tous les plus grands.