Magazine Culture

Libre des mots

Publié le 17 janvier 2019 par Anargala
Libre des mots


Quand je prends conscience du bavardage,

il s'apaise. 
Un espace apparaît dans lequel ce brouillard mental se révèle comme ce qu'il est : des mots dans le silence.

L'attention bascule alors. Je ne suis plus le jouet de ces bribes de langage, de ces schémas mentaux. Je suis le silence entre les mots, dans les mots. Un silence radieux. Doux. Vivant. 

Il se peut que d'abord je perçoive le silence comme une chose. Mais très vite, je suis ce silence. Impossible à décrire. L'au-delà des mots est... au-delà des mots. 

Et pourtant, c'est la source des mots. De toutes les langues. 

Et vivre dans la claire reconnaissance d'être silence rend créatif. Ou plutôt, le Silence parle à travers nous. pas seulement à travers la bouche, mais à travers tout notre corps. 

Les mots perdent leur pouvoir trompeur. Ils redeviennent musique de l'indicible. La bouche se détend. Le ventre se dénoue. Les muscles se déposent. L'énergie circule. Le cœur prend son envol.

Ce qui ne peut être dit est la source de toute expression.

Ce qui ne peut être fabriqué est la source de toute création.
Ce qui ne peut être communiqué est l'âme de toute communion.

Dans la tradition du Cachemire, il est dit que l'être-silence est Parole au comble de l'intensité. Ramana célébrait l'éloquence du silence. En silence, en poésie ou en actes quotidiens. 

Sentez l'intuition éclore dans le silence comme des vagues sur la mer. Puis devenir mots articulés mentalement, puis mouvements du corps, gestes et paroles dans la bouche, dans l'espace qui vous entoure. Un seul mouvement. Un seul geste qui ne quitte pas le silence. Les mots entendus ne sont plus une menace. Les mots superflus retournent au silence et les mots du silence émergent avec force, limpide, tranchants et en harmonie avec cet espace de paix profonde.

Les mots ne sont pas ennemis du silence. Ils sont les enfants de notre Moi profond, du mystère que nous sommes. Mais comme des parents qui subissent leurs enfants parce qu'ils manquent de présence, nous sommes victimes du bavardage quand nous vivons dans l'inconscience. Les mots tissent alors des toiles de tensions, des mondes infernaux.

C'est à explorer dans le quotidien. Le yoga des tempêtes est le plus puissant, ce qui n'exclut pas, bien sûr, de communier avec des doux alizés des jours de grand calme.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Anargala 10656 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine