Pour présenter l’ouvrage de Claude Habib, la journaliste Eugénie Bastié en a choisi des extraits classés en rubriques : Repenser la tolérance, L’Amérique a tort de nous faire la leçon, Tolérer l’intolérance ? La vertu minimale, Les raisons de l’opposition au voile, L’aptitude à se décentrer, Le besoin vital de frontières, Des limites à la liberté religieuse ?
Dans l’échange entre Kamel Daoud et Boualem Sansal mis en forme par Alexandre Devecchio, on peut lire que les deux écrivains menacés en Algérie hésitent cependant à s’exiler en France : « C’est aussi parce que la France leur apparaît aujourd’hui de moins en moins comme la nation de Voltaire et de plus en plus comme le pays de Soumission de Houellebecq. » En France, Daoud déclare craindre l’attaque d’un fanatique agissant en électron libre, quant à Sansal, il a fait l’objet d’une tentative d’agression à Nice par un franco-algérien. Ciblés dans leur pays, les deux écrivains sont aussi dénigrés (le mot est faible) dans certaines franges des milieux universitaires et de l’intelligentsia occidental.
Pendant qu’un président trop jeune, narcissique, versatile et manipulateur égare le pays dans l’insignifiance de son débat national et pendant que notre société s’enlise dans des confrontations à propos de sujets d’un autre âge liés à l’obscurantisme religieux, les rares intellectuels qui nous alertent sur les thèmes les plus brûlants de notre actualité ne sont pas écoutés. C’est très inquiétant.
Pour conclure ce résumé de mes lectures croisées, je reviens à l’essayiste et romancière Claude Habib qui écrit : « ... la tolérance ne doit pas se dilater inconsidérément : au-delà d’un certain point, elle ne peut s’accroître sans se réduire à l’impuissance. Tolérer l’intolérance impliquerait de supporter la cruauté ou la violence des ennemis - si ce n’est approuver, au moins laisser faire. Ce n’est donc pas augmenter la tolérance, mais la désarmer. Il est un point où l’accroissement apparent est une autodestruction réelle. »