En voilà une série qui m’a donné du fil à retordre. Disponible sur Netflix en France et proposé par Lifetime aux Etats-Unis (qui a laissé la série à Netflix qui produira une saison 2 toute seule), cette première saison de You aura su mélanger tout un tas d’ingrédients intéressants comme le thriller, le drame romancé, et quelque chose d’un brin plus étonnant qui donne à la série tout son charme : son côté littéraire. Joe prend très au sérieux son envie d’être avec Beck. Pour lui c’est la femme de sa vie et pour elle, cela semble être quelque chose de potentiel avant qu’elle ne découvre petit à petit le vrai visage de celui qu’elle pensait aimer. Il veut tout faire pour la rendre heureuse, sauf que ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile car les sentiments, cela ne se commande pas. La façon dont Joe entre dans la vie de Beck est intéressante, transformant petit à petit une romance mignonne en vrai thriller psychologique. Créée par Greg Berlanti (Titans, et tout l’Arrowverse sur The CW) et Sera Gamble (The Magicians), la série est avant tout adaptée du roman éponyme de Caroline Kepnes. Si je ne connais pas le roman, je me suis plongé dans You comme dans un roman. Les épisodes se découpent en chapitre avec la voix off de Joe pour nous conduire et nous bercer petit à petit dans les méandres de sa personnalité troublante.
Si par moment You peut jouer avec le thriller horrifique (on est proche de ce que Kevin Williamson sait faire dans le registre et a encore démontré avec l’histoire du « Petit Chaperon Rouge » revisitée dans Tell Me a Story) , elle ne décolle pas de la romance très littéraire qu’elle développe petit à petit. Tout cela permet aux créateurs de jouer avec les codes pré-établis du genre tout en s’amusant avec des personnages assez simplistes mais justement, intéressants à suivre. Le mélange sied bien à l’histoire de You et permet aussi de donner un coup de frais aux histoires d’amour que l’on a tendance à voir fleurir par centaines sur nos écrans chaque année. Tout cela est écrit avec une facilité étonnante et la réussite de You, repose cependant en grande partie sur son personnage principal. C’est une sorte d’anti-héros, un peu déconnecté du monde et interprété avec brio par Penn Badgley (l’irrésistible mollasson Dan de Gossip Girl). Il est ici un éternel poète, fan de littérature et qui n’a qu’une seule envie : avoir la femme qu’il aime à ses côtés et lui offrir tout ce qu’il a de plus cher. Sauf que quand cela dérage et que la jeune fille ne veut plus de lui, alors Joe tombe dans une escalade de violence assez perturbante mais fascinante.
Dès le premier épisode, You étudie les tendances obsessionnelles de son héros ce qui permet de rapidement installer une ambiance et un climat pesant mais efficace, qui donne envie de voir la suite tout de suite. Joe n’obéit pas aux codes pré-établis des séries du genre et permet alors de nous réserver quelques bonnes surprises (notamment lors de la mort de Peach - que je regrette, mais qui était nécessaire pour faire évoluer l’histoire -). Joe manipule et si quelqu’un se met en travers de son chemin, alors il ne va pas hésiter à tuer cette personne. Si la série se calme par moment en nous offrant des passages du passé de notre héros (ce qui décolle un peu le téléspectateur de l’histoire centrale de la saison), la fascination que l’on peut développer pour le héros et sa relation avec Beck m’a donné l’impression d’être un peu comme cet anti-héros. Je me suis alors laissé devenir obsédé par Joe et sa relation avec Beck, sans me soucier de certains personnages qu’il va écarter par moment. Sur fond de comédie romantique, You dévoile alors un vrai thriller haletant où il n’y a pas vraiment le temps de raisonner, juste de profiter du spectacle.
Alors que la série repose sur une matière littéraire, elle l’insuffle à son mode narratif, ce qui permet de ne jamais s’ennuyer. Le déroulement de l’intrigue est alors cohérent du début à la fin, sans oublier des détails importants qui nous dévoilent un peu plus de choses sur chacun des personnages. You est alors la bonne surprise de la fin de l’année dernière à quoi je ne m’attendais pas nécessairement.
Note : 8/10. En bref, une obsession sérielle assez fascinante et pourtant si simple mais efficace.