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Dans son discours du 6 mai 2007, au soir de sa victoire à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy déclarait : « Je serai le Président de tous les Français (…), je parlerai pour chacun d’eux ». Eh bien, non ! Nicolas Sarkozy n’est pas et ne sera jamais « mon Président ». Il ne me donne, d’ailleurs, pas l’occasion de changer d’avis. Car, rompant une fois de plus avec la tradition républicaine, le Président de la République ne se place pas « au-dessus des clivages partisans ». Jusqu’ici, dans un pays démocratique comme la France, le chef de l’Etat se situait « hors des partis », s’astreignait à une certaine retenue. S’il était relativement accepté que le Président prenne part à la campagne des élections législatives, dont l’issue devait ou non lui apporter une majorité pour gouverner, jamais encore un chef d’Etat en exercice n’avait participé aux travaux d’un parti politique. Au soir de son second septennat et de sa vie, François Mitterrand s’était rendu à Liévin où le PS tenait son congrès. Cependant, il s’était refusé à intervenir dans le cadre de ce rassemblement. Les socialistes étaient allés le rencontrer, sur le carreau d’une mine. Nicolas Sarkozy, lui, participe tous les six mois au Conseil national de l’UMP, y prenant la parole comme s’il en était toujours le Président. « J’appelle tous les Français, par delà leurs partis, leurs croyances, leurs origines, à s’unir à moi » avait-il dit dans son allocution du 6 mai 2007. Comment envisager un seul instant de rejoindre ce monsieur alors que lui-même n’arrive pas à prendre la moindre hauteur ? Non, Nicolas Sarkozy ne peut décidément pas être « mon » Président.