- Le premier enseignement que j'en tire est qu'il ne faut jamais demander à quelqu'un ce qu'il veut, il n'en a aucune idée, ou n'exprime que des banalités (je veux être heureux, beau et riche, tout gratuit...), mais le déduire de ce que l'on observe de lui. Le Gilet jaune, comme exemple. Il se plaint des taxes ou du prix de l'essence. Mais il n'est pas conscient à la fois de la cause de son malaise, et des conséquences pour sa situation des évolutions de la société. En particulier, c'est le prix de l'habitat qui a eu raison de ses finances, et l'a éjecté loin de tout, y compris des bassins d'emploi. De même, la qualité des services de l'Etat a un impact direct sur sa santé, et, surtout, sur l'avenir de ses enfants. Ils sont les premières victimes de la disparition de l'ascenseur social. Ils peuvent avoir un QI d'inspecteurs des finances, ils ne seront jamais inspecteur des finances, et associés de Rothschild. Et j'en passe.
- Les soucis ne font que commencer. Non seulement, il ne voit pas ce qui est bon pour lui, mais il a toutes les chances de s'y opposer. (Imaginez que le gouvernement vous annonce qu'il va réduire le prix de votre maison par deux...) Tout l'art de l'étude de marché est, non seulement de comprendre ce qui est bon pour celui que l'on étudie, mais de trouver une façon qui l'enthousiasme d'exprimer le changement proposé. Généralement, cela se dit en quelques mots...
- Ensuite, un échantillon ne doit jamais être fait de volontaires. Il doit être tiré au sort. Pourquoi ? Parce que les volontaires ont une motivation qui leur est propre, et qui n'est jamais celle de l'ensemble de la population. (C'est particulièrement vrai pour le grand débat : il va devoir faire avec des lobbys extrêmement bien organisés : ONG, syndicats, partis politiques...) Ce sont d'ailleurs des professionnels de la participation. Le bon participant a rarement envie de participer.
- Enfin, il ne faut jamais faire travailler les gens en groupe, au moins dans une phase de diagnostic. Pourquoi ? Parce qu'il suffit d'une personne pour retourner un groupe. En revanche, le groupe est un formidable outil de créativité.
Le gouvernement veut faire un "grand débat". Est-ce une bonne idée ? Mon passé d'études de marché m'a appris que l'exercice est très, très, périlleux.