Samedi 12 janvier, jour de l’Acte IX de la révolte des gilets jaunes, il s’est trouvé quelqu’un·e à Nantes pour détourner la sculpture Éloge du pas de côté, qui trône place du Bouffay, en l’équipant d’un casque de chantier et d’un gilet de couleur jaune justement.
La pièce de bronze majestueuse, œuvre de Philippe Ramette, représente, sous les traits de l’artiste, un personnage masculin en costume, le regard tourné vers l’horizon, alors que seul l’un de ses pieds repose sur le socle… « La sculpture devient ainsi l’allégorie du pas de côté et rend hommage à l’audace de la ville, à son engagement et à son rapport étroit à la culture.»
L’artiste questionne ainsi (…) la réalité dans ce qu’elle a de plus tangible et de plus physique. Tel un dandy qui traverserait les époques, il défie la rationalité du monde et en propose, avec beaucoup de poésie et d’humour, une vision absurde et métaphysique (...). Dans l’univers de Philippe Ramette, entre comédie et tragédie, tout est histoire d’acquisition de nouveaux points de vue et d’attitude contemplative du monde et de ses paysages (Le voyage à Nantes).
Ainsi, pour à peine quelques heures, peut-être même juste quelques minutes, cette sculpture c’est donc jointe symboliquement à la cohorte des gueux et des gueuses qui parcours la ville chaque samedi depuis neuf semaines et qui font chacun·e à leur façon un pas de côté pour éviter les grenades lacrymogènes, les tirs de flashball (et autre LB40), les coups de matraques et de tonfas qui pleuvent sur elles et eux.
L’Éloge s’habille de jaune pour défier soudain la rationalité du monde selon Macron.
Photo : Nantes, « Éloge du pas de côté », par Yasmine Tigoe
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