L’homme fidèle (2018), Louis Garrel

Par Losttheater

Située au tout début du film, une scène cruciale qui va d’emblée donner le ton. Marianne, interprétée par Laetitia Casta, annonce à Abel (Louis Garrel) qu’elle est enceinte, mais pas de lui, de son meilleur ami. S’ensuit l’annonce de la rupture entre Marianne et Abel. Le marivaudage instauré, on est d’abord surpris par le ton des dialogues, simple et direct. Sans détour, les personnages font leur chemin et là, ellipse, huit ans sont passés avant que les deux personnages ne se retrouvent aux funérailles du meilleur ami. Le premier triangle amoureux abattu par la mort va vite être remplacé par un second que viendra compléter le personnage de Lily-Rose Depp, qui aime Abel en secret depuis son adolescence. Voix-off descriptive des états d’âmes des personnages, jeux théâtral, comique de situation et maladresses, voilà tout ce qui constitue L’Homme fidèle.

A travers un retournement de situation surprenant, qui s’amuse de la fidélité ou de l’infidélité de tel ou tel personnage, L’homme fidèle questionne la place de l’homme au milieu de deux femmes qui mènent le jeu à la baguette. Alors que l’une propose à l’homme de la tromper pour mieux lui revenir, l’autre va mener une conquête des sentiments de l’homme alors qu’il s’offre à elle sans poser de questions. Au milieu, et c’est là tout l’aspect comique du film, Abel se retrouve manipuler. Son manque de tact et son côté pantin ne fait que renforcer son infériorité par rapport aux femmes. La mise en scène du film elle-même a toujours tendance à le rapetisser face à ses interlocutrices. Son seul complice dans l’histoire, Joseph, le petit garçon de Marianne, qui vient semer le trouble en suspectant sa mère d’avoir tué son père. L’idée d’infidélité absente de l’esprit de l’enfant qui préfère imaginer sa mère comme une empoisonneuse rajoute une étrangeté cocasse à un scénario déjà bien haut en couleurs.

On pourra reprocher au film quelques fausses manœuvres comme l’utilisation trop littérale de la voix off ou une forme un peu trop évidente et inhérente au genre. Cependant, L’homme fidèle réussit le pari de faire de ces éléments déjà usés jusqu’à la corde auparavant un film qui ne prétend pas être autre chose mais le fait tout simplement bien. Avec ce deuxième long-métrage, Louis Garrel tire le meilleur du travail de son père, et ne tombe jamais dans le pastiche de la Nouvelle Vague. C’est justement en assumant ses expériences qu’il crée l’identité propre de L’homme fidèle.

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