De grands et gros flocons comme des cendres blanches
à la tombée de la nuit qui descendent
partout soudainement
et qui fondent
dans cette main comme l’hostie
sur une langue tendue, elle
me présente le crucifix encore tiède
de la chaleur de sa main deux ans après
et merci,
me dis-je à moi-même –
Un vaste battement d’ailes déployées
me réveille et je lève les yeux
vers un chapelet d’oies noires qui s’étire l’espace d’une minute
et suivent, volant bas près de la lune, le cours
blanc de la rivière enneigée et
au fait je Te remercie de
ne pas montrer Ton visage c’est à peine si je
parviens à supporter la beauté de ce monde.
Franz Wright (1953-2015) , Le nouveau recueil N° 78, traduit de l’américain par Laure Katsaros, Champ Vallon, 2007