Un livre que je viens juste d'acheter
"Birmanie, des moines contre la dictature", Claude B. Levenson et J.-Cl. Buhrer, Ed. Mille et une nuits, 153 p.
Présentation de l'éditeur:
En septembre 2007, dans plusieurs villes de Birmanie, des cohortes de moines ont défilé en rangs serrés sous un soleil ardent ou une pluie battante, à la stupeur de la junte au pouvoir depuis 1962. En faisant la grève des offrandes - c'est-à-dire en refusant de recevoir leurs oboles et donc de les absoudre -, les bonzes protestaient pacifiquement, au nom du peuple opprimé, contre la dictature et défiaient ouvertement les militaires. À la mode bouddhiste.
Le 27 septembre, le régime a choisi de leur répondre en faisant parler les armes : monastères et pagodes furent " nettoyés " lors d'une répression brutale. Pourquoi, dans ce pays singulier rebaptisé Myanmar, les moines sont-ils soudain apparus comme l'ultime recours contre l'injustice sociale et l'incurie des militaires ? Pourquoi la grève des offrandes s'est-elle révélée une arme politique ? Comment l'opposition démocratique s'organise-t-elle autour des bonzes ? Il se joue un curieux bras de fer autour de la revendication par la junte d'un héritage bouddhique que refuse de lui reconnaître la communauté monastique.
De leur voyage aux portes de la Birmanie fermée, les auteurs nous racontent le silence des temples et nous rapportent les propos de moines et d'opposants exilés. Pour comprendre la révolte récente, ils livrent les secrets d'un pays vivant depuis trop longtemps en autarcie et s'inquiètent de son avenir.
Jean-Claude Buhrer, journaliste, et Claude B. Levenson, orientaliste et écrivain, se sont régulièrement rendus en Birmanie depuis près de quarante ans ; ils y ont rencontré à plusieurs reprises Aung San Suu Kyi. Ils sont notamment les auteurs de Aung San Suu Kyi, demain la Birmanie (Picquier poche, 2004) et de L'Onu contre les droits de l'homme ? (Mille et une nuits, 2003). Claude B. Levenson a récemment publié Tibet. La question qui dérange (Albin Michel, 2008) et Le Tibet (" Que sais-je ? ", Puf 2008).
Déjà effacée de l'actualité, la Birmanie continue à souffrir des délires des militaires.
C'est en s'intéressant au rôle des religieux - les moines bouddhistes - que Claude Levenson et Jean-Claude Buhrer ont conçu leur nouvel essai sur le régime militaire birman. Au moment où l'"actu" - l'Eurofoot, le non irlandais ou les derniers caprices du monarque d'une république voisine - a presque effacé le souvenir de l'ouragan qui ravagé ce pays il y a tout juste deux mois, ce petit livre a valeur de rappel.
Celle d'une histoire où tous les espoirs démocratiques d'un pays tout juste sorti de la guerre mondiale ont été gommés par une bande de militaires recroquevillés sur leurs privilèges, leurs prébendes et la relative mansuétude que leur valent les richesses - pétrole, gaz, pierres précieuses, ressources minières - que recèle le pays. "Un pays en marge, loin des chemins courus", "un régime à face interchangeable, un enfermement dans le présent absolument contrôlé par la dictature".
Nos auteurs qui n'oublient ni la mascarade constitutionnelle, ni le facteur des minorités ethniques, ni le jeu complaisant et intéressé des grands voisins (Inde et Chine), ni la déroute d'une économie pourtant prometteuse, ni les trafics de drogue, croient percevoir une lueur d'espoir dans ce paysage désespérant: le facteur bouddhiste.
Ils ont interrogé des religieux, dont le message est de plus en plus soutenu par des réseaux extérieurs. La droite ligne spirituelle des moines, surveillés et traqués, mais profondément implantés dans la population, apparaît dans ces pages comme un aiguillon fiché dans le système. Et "il suffit parfois d'un grain de sable, concluent nos auteurs, pour enrayer les machines les mieux huilées". ( le temps)