Certains projets sont si fous qu'ils donnent le vertige et une envie irrépressible de les réaliser. Ainsi en va-t-il du Retour des ours, un projet de réalisation de fictions sonores par les élèves du Collège de l'Etang de l'Or à Mauguio (Hérault, France) à partir des nouvelles de mon recueil « Les ours n'ont pas de problème de parking » (Espace Nord en papier et Publienet en numérique).
Au commencement étaient les ours
L'idée est née au cours de rencontres avec l'équipe ultra dynamique de la médiathèque Gaston Baissette de Mauguio, rayon multi-médias. C'est là que se sont réunis les partenaires autour d'une grande table ronde :
- les enseignants du Collège (Lucille Villeneuve et Philippe Gaches) ;
- les deux documentalistes du collège (Anne Girard et Cécile Rumeau) ;
- Elisabeth Demolombe qui a porté le projet de bout en bout au sein de la médiathèque ;
- François Lopez, compositeur et ingénieur du son ;
- moi, qui reste l'auteur des textes sur lesquels les élèves allaient se pencher.
Pour résumer simplement le chantier : les élèves sont invités à réécrire les nouvelles (les découper, les raccourcir, les remonter, les adapter) en vue d'une lecture à voix haute, puis à s'enregistrer, à monter les fichiers sonores, puis à les enrichir avec des bruitages, des musiques et autres. Enfin, tout le monde se réunit pour écouter le résultat.
Une semaine pour concrétiser l'irréalisable
Les enseignants obtiennent assez vite auprès de leur direction (merci au passage au soutien permanent de la principale, Madame Nicole Langrand) le principe de consacrer une semaine entière au projet (en France, on dit que la semaine est banalisée : les élèves n'auront plus aucun cours, ils passeront la semaine entière au CDI ou à la médiathèque, selon les besoins du projet).
Dès le début de l'année, les élèves de troisième lisent le recueil, choisissent ensuite sur quel texte ils ont envie de travailler. Les groupes se forment tout naturellement autour de ces choix. Détail amusant six groupes partiront de la nouvelle « L'album de foot » qui, coupe du monde oblige, a séduit le plus grand nombre lecteurs (et lectrices).
Pour enrichir le spectre de leur imaginaire sonore, les élèves écoutent en classe des fictions radios, assez différentes les unes des autres. Du bon marché et du haut de gamme, du court en intégrale et des extraits de fictions plus longues. Une sélection apéritive, en quelque sorte. Puis, en novembre, arrive la semaine de chantier.
Le lundi et le mardi, sous ma supervision et avec mes encouragements, les élèves s'attaquent aux nouvelles photocopiées, les découpent, les recollent sur de grandes feuilles colorées en y ajoutant leurs propres phrases. Ils repèrent les ruptures, découpent le récit en séquences à enregistrer séparément.
Ils décident de leur casting, s'attribuent les rôles et se lancent dans les enregistrements, car ils sont plus rapides que le planning ne l'avait prévu.
Le mercredi matin, puis le jeudi et le vendredi, sous la supervision de François Lopez, ils poursuivent les enregistrements, séquence par séquence, dialogue par dialogue et attaquent le montage. Le vendredi après-midi tout ou presque est enregistré et des maquettes sonores, encore très brutes, ont été montées sur les PC de la médiathèque (sur le logiciel Audacity).
Quelques jours de montage en coulisse
C'est là que François Lopez reprend le chantier, assemblant les innombrables fragments, montant les différentes versions des nouvelles en un fichier propre pour chaque texte (assemblant ainsi des versions indépendantes, mélangeant les voix et les réécritures). Il nettoie les fichiers les plus pourris (mais pas tout, faut que le bricolage reste audible à l'oreille nue), ajoute de la musique, de l'ambiance sonore.
Puis tout le monde se retrouve à la médiathèque pour une séance d'écoute publique quelques semaines plus tard.
Il n'y avait pas de mouche parce qu'on était en décembre et pourtant on aurait pu les entendre voler. Dans un respect et une concentration incroyables, les élèves, les parents, les profs et la direction ont partagé ces moments de fiction sonores.
En soi, c'était déjà un miracle.
Des fictions sonores à écouter à volonté, à partager en classe ou dans la voiture
Les versions audio sont disponibles ici, en bas de cette page.
A vous de les écouter, si vous en avez l'envie.
Ou de les faire écouter à vos élèves, s'ils sont un peu trop fatigués pour les lire sur papier. Ou de les diffuser en radio ou de les partager, comme vous en aurez l'envie.
Et si vous avez des commentaires, n'hésitez pas à les laisser ici. Si vous avez des anecdotes sur les lieux et les circonstances où vous avez écouté les textes, je serai ravi de vous lire.
Bon amusement.
PS : on parle du projet en détail, avec des photos et des vidéos sur le site de la médiathèque Gaston Baissette.