Plus on gagne, plus on dépense.
On est tous le pauvre et le riche de quelqu’un.
La société de consommation est là. Ancrée. La classe moyenne est dans la frustration permanente depuis des dizaines d’années sauf qu’un nouveau paramètre est venu tout dérégler, et ce n’est pas 20 centimes le litre ou le ton satisfait de notre Président, ce sont les réseaux sociaux.
Instagram, Facebook, la dictature de la cool life 24/7, à portée de pouce. Le rappel constant que la vie des autres est plus trépidante. La mise à portée de carte de crédit de l’élévation sociale. L’affichage constant de ce que notre vie pourrait être si..., de ce que Kim et Kanye mangent au petit dej, des vêtements que @emrara porte (ou ne porte pas).
Ce flux d'info aguicheuse est une usine à frustration d’une puissance dramatique, totalement nouvelle donc sous estimée.
On a le droit de @ les ministres, les députés, les journalistes et on a aussi le droit de leur parler comme à son pote. Du jamais vu !
Le pire... Pour éviter le bad buzz et être populaire, eux-mêmes ou des petites mains vous répondront parfois en leur nom en feignent (souvent) l’estime et la proximité. Le Président répond à une pétition change.org. Alors pourquoi ne pas leur marcher sur la tête et faire leur job à ces gens pas plus intelligents que les autres, les renvoyer chez eux ces pauvres diables de la démocratie représentative, ces journalistes à la botte des puissants. Fermons le Sénat, Macron démission, BFM au trou c’est nous « le peuple » qui allons diriger le pays, a coup de RIC.
Twitter, les social media et leur côté tout le monde peut haranguer tout le monde des réseaux sociaux fait tourner les têtes ! Plus personne n'est cohérent.
Tant qu’on ne poste pas des tétons ou une croix gammée, Facebook laisse n’importe qui poster n’importe quoi, y compris des appels à la violence, des torrents de fausses infos.
Et sur Facebook, la mécanique de visibilité est simple : les likes et l’argent font circuler n’importe quel message plus vite qu’une traînée de poudre. Facebook est une machine à faire monter la mayonnaise. Brexit, Trump, Gilets Jaunes, etc.
Et cette pulsion jouissive d’être une masse inarretable que crée Facebook avec ses pages/groupes, de voir qu’on est plusieurs milliers à dire aller à l’»acte VI », de brandir en notifiant ses 300 amis qu’on « en est », confirmer selfie a l’appui devant une voiture en feu qu’on y était. Cette émulation grégaire et enivrante qui transforme un animal social en animal tout court qu’on retrouve dans les stades de foots, dans les bandes est à portée de pouce sur les réseaux sociaux.
Il faut être armé pour gérer cela, pour encaisser cela sans vaciller.
Ça n’existait pas il y a 10 ans.
Bien des gens ne sont pas armés.
C’est court 10 ans.
J’espère qu’ils vont s’armer petit à petit.