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Phrases assassines

Par Vanessa | Pouzet

Je vous souhaite l'inspiration, la sensibilité, le panache, et le hasard pour cette nouvelle année. Qu'elle fasse grandir votre coeur. Je vous souhaite...

D'être ému·e, traversé·e et parfois d'un rien,
De vous sentir vivant·e, touché·e et plus encore,
De désobéir, de courir à pleins poumons et de suivre votre ligne,
De lire les silences, les gestes et de vous y égarer,
De dorer ce que vous touchez, d'oser les mélanges audacieux et de blanchir vos nuits,
D'avoir le coeur chaud, immense et sans conditions,
D'enlacer ceux que vous aimez, ceux qui en ont besoin et de recommencer autant de fois que nécessaire.
Prescription 2019 - La chaleur de répétition (ça fonctionne comme l'humour, j'ai testé pour vous).

Avant de repartir sur des articles déco, DIY, couture, cuisine que vous aimez suivre, je vais vous parler de mon nouveau projet. Un blog, ce n'est pas un magazine où l'on vient juste piocher, pour moi c'est beaucoup plus personnel, c'est une rencontre avec la personne qui est derrière. C'est sans doute pour cela que tant d'amitiés en découlent.

J'ai décidé d'ouvrir sur Instagram un compte nommé où je collecte des témoignages et les retranscris. Des mots gravés dans le souvenir intime, si douloureux, si impactants qu'ils sont liés au secret, parfois à la honte. Des humiliations "ordinaires" qui ont fonctionné. J'ai également créé un site pour déposer ses témoignages de manière totalement anonyme. (Comme vous me demandez régulièrement, je ne suis pas une spécialiste web. C'est un métier, alors toute la partie technique est gérée par une professionnelle de confiance Véronique Tisserand d'ailleurs son champ de compétence est bien plus grand).

Un immense merci à toutes les personnes qui ont relayé ce projet et au Huffington post, à et au le blog Les gens d'internet pour leur article

Définir ce qu'est une phrase assassine, d'où vient-elle en fait ? Qui la prononce ? Pourquoi ? Comprendre l'ombre qu'elles laissent sur les corps et avoir connaissance de la douleur de l'autre. Ces mots laissent une empreinte, ils flottent des années, des dizaines d'années.

En lisant, ces témoignages on retrouve des similitudes, des mécanismes, aucun climat de colère n'était présent dans la très grande majorité, bien au contraire. Un contexte familial, amoureux, amical, c'est une incohérence qui anesthésie.

Il m'a semblé nécessaire de libérer un espace au coeur d'un réseau social puissant comme Instagram où ces mots laisseraient une autre forme de trace, hors du corps... afin de montrer sous cette forme de "collection" la réalité de notre société. Ils sont le reflet de notre temps.
Une hostilité de l'autre, de l'étrange.
Rendre ces violences qualifiées comme "ordinaires" visibles, permet de mieux en comprendre l'impact qu'elles ont sur les personnes qui les reçoivent. Forte invitation au silence, elles sont tues. Cela ressort dans les nombreux témoignages que je collecte. Une femme, Betty, m'a écrit cette phrase si juste "Accepter qu'il y a pire, c'est banaliser ces violences", c'est si juste.

Ces phrases dans le corps enseignent la mésestime mais en dehors, rassemblées, elles nous apprennent à comprendre le monde.
Posées les unes à côté des autres, elles prennent une forme différente. Elles peuvent s'entrechoquer pour mettre en lumière l'absurdité des injonctions sous-jacentes ; ou au contraire se rapprocher pour capter la mécanique qui opère.
Derrière ces mots, on trouve de la misogynie, du racisme, de l'homophobie, de la xénophobie, du classisme, de la lesbophobie, des discriminations, des jugements dégradants...
Les lire tous ensemble, ça doit questionner.

Il me semble extrêmement intéressant d'aller déposer cette réalité brute, sans filtre, justement sur Instagram, où l'on vient chercher du divertissement, une vie fantasmée. Des maisons rangées après l'anniversaire du petit de 4 ans, des canoës posés sur une eau aux couleurs saturées, ... ce n'est pas un mal d'avoir envie de se gorger de beauté, de rêves, et vous pouvez être certain·e que je continuerai à partager du joli quotidien. Mais il est nécessaire de s'ouvrir à la vie de l'autre, d'en avoir connaissance, de ne pas fermer les yeux non plus. Aucune différence ne justifie des inégalités, et leur invisibilité empêche les actions. J'espère que ce projet permettra d'éveiller les sens et l'esprit critique, de soulager, et de panser aussi.

Pour suivre le compte Instagram, c'est ici

Amicalement, Vanessa Pouzet

PHRASES ASSASSINES

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