D’un mot peu usité, à la connotation vieillotte, Emmanuel Macron a réactivé la piteuse et miteuse affaire des passeports diplomatiques attribués à un chouchou ripou, aujourd’hui poussé dans les choux de la disgrâce. Pour faire bref et s’économiser la paraphrase d’informations désormais bien identifiées, rappelons que l’ex-chargé de mission de l’Elysée toujours en possession de ses passeports pourtant dûment rendus assure qu’il communique régulièrement avec le président. Que nenni démentirent les services du dit. Au bout du compte, ce serait deux messages qualifiés de « laconiques » qui auraient été furtivement échangés. Leur contenu n’est, à ce jour, pas dévoilé. S’il y eut, le vrai-faux passeport, piquante initiative d’un ancien ministre de l’intérieur du temps de Chirac à Matignon, il existe désormais des passeports diplomatiques baladeurs renduspasrendus, introuvables mais utiles pour les voyages en Françafrique.
Que le pouvoir de la macronie s’inspire de la Laconie, il n’y a là que la manifestation d’usages spartiates en vogue dans le management et dans la vie des organisations qui exigent la sobriété du langage et la brièveté des consignes données. Pour s’exercer, le pouvoir pratique la rapidité et la concision. On ne commente pas les ordres ou les consignes. C’est là un invariant de toutes les hiérarchies. Il s’agit de se montrer froid et surtout laisser entrevoir une forme de supériorité. Les chefs de service n’aiment rien tant que de truffer les dossiers de commentaires instantanés sans équivoques. Plus les n+1 sont imaginatifs, plus ils vont illustrer les dossiers d’annotations comminatoires qui réduisent l’initiative. C’est la valse des « m’en parler », « me voir », « attendre ».
En indiquant qu’il échange des messages « laconiques » avec son ancien agent de sécurité, le président a malgré tout trop parlé. La concision stimule l’imagination. La séquence suivante est attendue d’impatience : que dit le président en si peu de mots ? Le commentaire pourrait prendre plus de place que le message.