10, 20, 30, 40, 50 : la classe 9 en musique

Publié le 06 janvier 2019 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Joyeuse année 2019. Qu’elle soit aussi musicale que vous le souhaitiez et que vous ne laissiez personne vous dicter votre conduite musicale. Que vous assumiez tous de vos goûts, des plus classes aux plus socialement inacceptables.

Comme tous les ans depuis quatre ans, je revisite avec vous cinquante ans de musique populaire en France et à l’international avec un top/flop tout à fait subjectif et discutable – la preuve, pour ce faire, on se fout sur la gueule avec le Mari, tant nous ne sommes pas d’accord avec la playlist finale. Malgré tout, ça reste toujours aussi drôle d’explorer la pop culture dans son ensemble.

Allez, c’est parti !

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1969 : 50 ans après

Chansons écoutables

Version française : Joe Dassin – Les Champs-Elysées

Alors oui, ce n’est pas très ambiance 69, année érotique et ça ne vaut pas Que je t’aime de Johnny, mais dites à l’étranger que vous venez de France et il y aura forcément quelqu’un qui chantera cet hymne de Joe Dassin – testé et approuvé plusieurs fois dans ma jeunesse. Il faut savoir qu’au départ était Waterloo Road (Deighan/Wilshaw) interprété par le groupe Jason Crest et sorti en 1968.

Pierre Delanoë a été désigné pour en signer la version française, mais cela n’empêcha pas Joe Dassin de la réinterpréter en anglais et allemand. Preuve de sa popularité internationale : la chanson fut incluse dans la bande originale de A bord du Darjeeling Limited (Wes Anderson, 2007) et reprise par NOFX en 1997. Non, je ne parlerai pas de la reprise de Zaz produite par Quincy Jones en 2014…

Version internationale : Simon and Garfunkel – The Boxer

Il a été compliqué de choisir dans cette catégorie, après m’être aperçue que la plupart des succès internationaux en 1969 ont été des singles sortis en 1968. J’ai dû vérifier plusieurs fois sur Wikipedia : même si l’enregistrement a été fait fin 1968 et l’album est sorti en 1970, le single est bien sorti en avril 1969. De cette histoire de jeune chômeur arrivant à New-York sans le sou et ne trouvant de réconfort qu’avec les prostituées, d’aucuns ont vu une attaque personnelle de Paul Simon contre Bob Dylan (les « prostituées » étant censées être les studios de Columbia Records). Qu’à cela ne tienne, Bob Dylan n’en prit pas ombrage et l’interpréta sur son album Self-portrait (1970).

Chansons inaudibles

Version française : David-Alexandre Winter – Oh Lady Mary

Comment obtenir un bon diplôme de chanteur has been à peine sa carrière commencée ?

  • Ne pas avoir un p*tain de charisme au départ
  • Changer de nom
  • Devenir une pâle copie francophone de chanteur anglophone à succès (en l’occurrence Tom Jones)
  • Faire deux gosses à un mannequin qui n’avait rien demandé
  • Péter les plombs en se rendant compte que sa carrière est derrière soi.

Bravo, David-Alexandre (ou plutôt Léon), tu as tout coché dans l’ordre.

Version internationale : Giorgio – Looky Looky

Derrière ce simple prénom se cache un certain Hansjörg – dit Giorgio – Moroder. Car avant d’être DJ, d’avoir quasiment inventé la musique disco et de péter la classe à partir des années 1970, le brave Gorgio était bassiste et cachetonnait pour Johnny Hallyday. Il n’y a pas de sotte collaboration, Jimmy Page a bien fait du studio pour Polnareff et Noel Gallagher a bien été roadie pour toute la scène de Manchester du début des années 1990. Comme tout bon musicien de studio qui a rongé son frein  durant toute la période yéyé, Giorgio a décidé à la fin des années 1960 qu’il était temps pour lui de se mettre sur le devant de la scène. Au regard de la suite de sa carrière, nous pouvons légitimement qualifier cette sous-mouture de la période surf de Beach Boys comme étant une casserole, comparable à la carrière musicale de Bernard Tapie.

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1979 : 40 ans après

Chanson écoutables

Version française : Téléphone – La bombe humaine

J’aurais pu rester vraiment dans le concept de variété intemporelle française en choisissant du Souchon, du Voulzy, du Gainsbourg, du Balavoine, du Cabrel ou bien même du Chamfort. Force est de constater que j’ai préféré valoriser le rock français populaire. D’une part, parce que le rock français populaire n’est pas si évident à trouver que ça, d’autre part, parce que je n’ai pas assez valorisé Téléphone, alors que j’adore Jean-Louis Aubert. Issu du cultissime deuxième album Crache ton venin – sur la pochette originale, si on glissait le film, on voyait les quatre membres du groupe à poil –, même si la pochette a bien aidé, ce single a quand même permis l’accession de l’album au rang de disque de platine.

Version internationale : Michael Jackson, Don’t Stop ‘Til You Get Enough

Force est de constater que, même à l’international, j’avais l’embarras du choix – ce qui va être une très bonne chose quand je vais devoir sélectionner dix albums. Et encore une fois, j’ai choisi de prendre le contre-pied de ce sur quoi on m’attendait, à savoir le punk, le rock ou la disco – quoique. J’ai donc choisi cet extrait du premier album de Michael Jackson, Off The Wall, pour deux raisons. D’une part, parce que choisir un titre anglais aurait été trop évident et aurait relevé du crève-cœur. D’autre part, parce que Off The Wall est trop peu considéré, puisque réputé comme un album de funk average et ne mettant pas assez le talent de Michael Jackson en avant. Se pencher sur Off The Wall, c’est enfin sortir Michael Jackson de la doxa Thriller-Bad-Dangerous et ça ne fait pas de mal.

Chansons inaudibles

Version française : Yves Duteil – J’ai la guitare qui me démange

Oui, cette chanson est rigolote, on est bien d’accord, mais c’est le genre de chanson qui te détruit une carrière. On en vient au GROS problème d’Yves Duteil : c’est un mec super, qui chante sur les droits de l’homme, qui s’engage pour de vrai pour la liberté de parole et d’action, mais on ne le retiendra éternellement que pour une chanson qui appelle les blagues pédophiles et pour cette chanson qui appelle n’importe propos tendancieux. Bref, écoutons pour de vrai Yves Duteil qui vaut mieux que ça.

Version internationale : ABBA – Chiquitita

ABBA est pour moi un groupe très clivant : il n’y a pas de juste milieu entre les chansons que j’adore (Take A Chance On Me, Voulez-Vous, Waterloo, Gimme Gimme Gimme) et les chansons qui me hérissent le poil (Mamma Mia, Dancing Queen, Fernando). Chiquitita, issu du cinquième album du groupe Voulez-vous, fait malheureusement partie de la deuxième catégorie : trop sirupeux, trop pompier, c’est typiquement le genre de chose qui me fait vomir en moins de deux.

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1989 : 30 ans après

Chansons écoutables

Version française : Patrick Bruel – Alors regarde

J’ai six ans et j’ai gravement été touchée par la Bruelmania à la sortie de l’album éponyme – on se battait même à l’école primaire entre fans de Bruel et fans de Roch Voisine. Même si je trouve trente ans après que Casser la voix me brise les noix et que Place des Grands Hommes est téléphonée, je reste subjuguée par la force d’Alors regarde. Pourquoi ? Parce que j’ai l’impression en créant cette chanson que Patrick Bruel, dans sa crise de la trentaine, avait le feu sacré de Jean-Jacques Goldman à la même époque, ce qui n’est pas rien en termes de création artistique.

Version internationale : Chris Isaak – Wicked Game

J’allais poster Lullaby de The Cure SANS PRESSION AUCUNE, alors qu’à côté, on me soufflait de poster Lovesong du même groupe. Sachant que j’avais en tête Mandela Day de Simple Minds, puisqu’il était établi que The Miracle de Queen était jugé indigne. J’ai donc décidé de prendre tout le monde de court en postant un gros classique qui tâche, tant cet ersatz d’Elvis non sponsorisé par Burger King trente ans après sa période de succès a encore tendance à me séduire.

Chansons inaudibles

Version française : Les Musclés – La fête au village

Alors que chacun des membres du groupe menait une carrière de musicien très honorable, même si à l’ombre de grandes stars telles que Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Charles Aznavour, Trust ou bien Fleetwood Mac, il fallait quand même manger en 1987. C’est alors que Jean-Luc Azoulay, dit Jean-François Porry, leur propose d’accompagner Dorothée. C’est un succès fou qui commence avec cette maudite chanson qui, outre une apologie des amphétamines, contient encore plus de moments de malaise que Viens boire un petit coup à la maison de Licence IV qui a quand même trusté toute l’année 1988 en tête du top 50.

Version internationale : Milli Vanilli – Girl You Know It’s True

Le seul tort de Robert Pilatus et de Fabrice Morvan, qui commençaient à avoir une carrière ensemble avec le groupe Empire Bizarre, est d’avoir croisé la route de Franck Farian, qui avait l’habitude de produire des groupes qui servaient de « visage ». C’est ce qu’il a donc fait avec le concept Milli Vanilli, qui remporta un succès fou en 1989 avec pas moins de 5 singles. Aux Etats-Unis, après la remise du Grammy Award en 1990, des journalistes découvrent la supercherie et Robert Pilatus prit la décision de rendre le prix. Force est de constater que cet épisode a ruiné la carrière des deux compères.

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1999 : 20 ans après

Chansons écoutables

Version française : Indochine – Justine

Issu du 8e album du groupe, Dancetaria – dont la sortie fut retardée de mars à août 1999 suite au décès de Stéphane Sirkis –, ce single fait partie des premières productions d’oLi De SaT pour Indochine. En effet, après avoir conçu la pochette du single Satellite issu de Wax (1996), Olivier Gérard, de son vrai nom, travaille sur des maquettes dès 1997 avec Nikola Sirkis. C’est ainsi qu’il se retrouve à arranger avec Jean-Pierre Pilot, compositeur et claviériste du groupe, plusieurs singles dont celui-ci. Bien qu’Indochine soit dans le creux de la vague à cette période, Dancetaria fut tout de même vendu à 120.000 exemplaires.

Version internationale : The Chemical Brothers – Hey Boy Hey Girl

J’ai eu l’impression que 1999 était une année plutôt catastrophique en termes de musique – peut-être parce que ma sœur était partie à 500 kilomètres et que je n’avais plus de précepteur en termes de musique à la maison. Heureusement pour moi, ça a coïncidé avec l’entrée dans l’adolescence de mon cousin, qui s’est mis à écouter de la musique électronique, et donc les Chemical Brothers. Grâce à lui, ce morceau s’est imposée en réunion de famille, pour la joie de tout le monde.

Chansons inaudibles

Version française : Moos – Au nom de la rose

One hit wonder originaire de Toulouse, Moos a poussé la métaphore filée du lover’n’b libidineux au point d’appeler son album Le Crabe est érotique et son single suivant ce succès Délicate chatte. Bref, ça a eu un succès fou à l’époque – 1 million de singles vendus –, mais ça s’est fait oublier très vite. Aujourd’hui, il chante toujours, mais il tient un salon de thé à Toulouse et a voulu se lancer en politique en se présentant sur la liste UDI aux élections municipales en 2014.

Version internationale : Christina Aguilera – Genie In A Bottle

Puisque sa copine Britney avait submergé la planète avec son …Baby One More Time, il fallait bien lui créer un antagonisme au sein de l’écurie Disney pour générer de l’antagonisme, à l’image de ce que fut la confrontation Selena Gomez/Demi Lovato dans les années 2010 (avec toutes les conséquences sur leur santé mentale respective qu’on leur connaît). L’amie Christina s’est donc positionnée plus chaudasse et peste que sa copine et a fourni une performance encore plus insupportable. Heureusement qu’elle avait un potentiel vocal plus développé, ça lui a permis de gagner un registre mature plus vite.

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2009 : 10 ans après

Chansons écoutables

Version « française » : Revolver – Get around town

Oui, la seule chanson française correcte que je retiens de 2009 est chantée en anglais, donc je triche. Malgré tout, j’ai été émerveillée à l’époque par ces jeunes Versaillais dont j’ai découvert que le leader, Ambroise, était le cousin de connaissances. A l’époque, j’avais repris cette chanson pour le casting de la Nouvelle Star, sans grand succès. Depuis, j’ai vu Revolver, puis Ambroise Willaume sous le projet SAGE en concert.

Version internationale : Ebony Bones! – Don’t Fart On My Heart

Issu du premier album d’Ebony Thomas, dite Ebony Bones!, Bones Of My Bones, cette chanson m’a fait l’effet d’un coup de poing à l’époque. Si j’avais été poussée à la curiosité par une contributrice de Ladies Room à l’époque, voir Ebony Bones! aux concerts de l’Hôtel de Ville, puis à Rock en Seine m’avait fait vivement m’enthousiasmer pour cet univers musical et visuel qu’on pourrait qualifier de loufoque pour être poli. Mais comme tout coup de cœur d’été, la brave Ebony a été enfouie dans mes souvenirs une fois les vents froids venus, et je ne me suis pas intéressée à la suite de sa carrière. Je regrette, parce qu’elle frappe toujours aussi fort, en témoignent les extraits que j’ai entendus de Nephilim (2018).

Chansons inaudibles

Version française : Francky Vincent – Tu veux mon zizi

Pour l’avoir subi en milieu professionnel par un jeune collègue de travail, je peux vous dire que cette chanson est douloureuse. Non seulement pour ce qu’elle dit, mais juste pour se dire qu’un jour, il y a eu un mec aussi dégueulasse que Francky Vincent pour chanter ce genre de chose.

Version internationale : Black Eyed Peas – I Gotta Feeling

Dix ans après, cette chanson me poursuit de son aura maléfique. A cause d’elle, j’ai remis en question toute la carrière de David Guetta, qui est passé au fil des années de DJ super classe à DJ un peu relou, et enfin à destructeur de la pop music américaine de ses doigts crochus. Je me suis mise aussi à haïr les Black Eyed Peas alors qu’ils ne m’avaient foncièrement rien fait. Mais les deux associés, c’est juste la bande son de l’enfer. Oui, pire que Single Ladies.

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A bientôt pour de nouvelles aventures musicales.