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Arman dans la collection Renault

Publié le 05 janvier 2019 par Aicasc @aica_sc

A partir de  1967, le Régie Renault développe une action de mécénat pionnière. La collection se constitue  selon une méthode singulière et innovante. La Régie Renault  n’acquiert pas d’objets d’art mais installe une collaboration active entre des artistes précurseurs et Renault, alors locomotive de l’industrie automobile. Renault invite les plasticiens à créer des œuvres spécifiques  à partir de pièces automobiles ou autres éléments industriels et  met à leur disposition un soutien technique, logistique et humain.

L’aventure débute avec Arman, qui développe alors son art à partir d’objets issus de la vie contemporaine, et accepte avec enthousiasme de venir travailler à l’usine Renault. Au cœur de la technique, il découvre de nouvelles formes et des matériaux inédits. Il va créer une centaine de d’oeuvres  à partir d’éléments mécaniques et de pièces de tôlerie, toutes intitulées Accumulations Renault et numérotées. Lui qui a coutume de recycler des détritus de la société de consommation utilise alors des objets neufs.

L’exposition de la Fondation Clément présente quelques une de ces oeuvres

ARMAN

Arman est l’un des piliers du Nouveau réalisme et l’initiateur, en 1959,  d’un nouveau geste artistique : l’accumulation.

L’accumulation, c’est l’entassement ou le regroupement d’un grand nombre d’objets de même nature

L’utilisation, à des fins artistiques,  d’objets produits en série est un thème récurrent de l’art contemporain avec Duchamp, les surréalistes… et d’autres.

Arman, pour sa part, à la différence de Duchamp, porte atteinte aux objets. Alors que Duchamp, avec la présentation du  ready – made sur un socle cherche plutôt à magnifier l’objet, à le transformer en œuvre d’art, Arman,  que ce soit dans Les Colères ou Les Combustions, porte atteinte aux objets. En effet, dans l’accumulation, la quantité nie la singularité de l’objet, modifie sa qualité. L’objet en tant que tel disparaît au bénéfice d’une nouvelle entité construite par l’entassement. Comme chez Warhol où la répétition  supprime le pouvoir émotionnel de l’image,  chez Arman,  l’accumulation porte atteinte à la singularité de l’objet.

L’œuvre d’Arman connaît plusieurs périodes :

Arman dans la collection Renault

Série Les cachets

 1955-1959 : les cachets

Arman pratique l’estampage répétitif d’un outil inusité, le tampon. On peut percevoir l’influence des collages typographiques de Schwitters ou celle de Werkman.

Arman abandonne donc la peinture, utilise un outil inédit, le tampon, pratique la répétition et le all over. Il y a un changement radical de l’espace pictural.

Arman dans la collection Renault

Série Les allures

 1958 : les allures

C’est un élargissement de la procédure des cachets.

Arman estampe d’autres objets et imprime le contour et la masse des objets

Il est fidèle au principe d’accumulation et au all over et les Allures préfigurent les accumulations.

On perçoit un intérêt pour la représentation du mouvement comme dans les tirs de Niki de Saint Phalle, les monochromes d’Yves Klein, les métamatic de Tinguely

Arman dans la collection Renault

Série Les poubelles

 1960 : les poubelles

Arman entasse des ordures sèches récupérées dans des poubelles dans des parallélépipèdes en verre avant d’utiliser la résine de polyester à partir de 1970. En 1961, l’artiste accumule trois mois de courrier :  C’est L’affaire du courrier- 1961 de la  série Poubelles d’artistes. C’est la naissance du principe de l’accumulation. Désormais, il sélectionne des objets en fonction de leur identité sérielle.

Arman dans la collection Renault

Arman
L’affaire du courrier

Arman dans la collection Renault

Arman
Accumulation fondée sur l’identité sérielle des objets

Arman dans la collection Renault

Arman
Accumulation fondée sur l’identité sérielle des objets

1963   Arman inclut désormais ses installations dans la résine de polyester mais ses œuvres conservent la structure et la planéité des tableaux. Ce sont des surfaces planes, saturées de l’objet choisi, multiplié par juxtaposition

Arman dans la collection Renault

Série Les coupes

Arman dans la collection Renault

Série Les colères

Arman dans la collection Renault

Série les combustions

 1961 : les colères

C’est une phase de destruction des objets  par coupes  , combustions , explosions

Là, vous le voyez, c’est l’élaboration  intellectuelle à la réalisation des pièces qui leur confère leur valeur artistique.

La collaboration d’Arman avec Renault a abouti à la création de plus de cent œuvres, presque toujours numérotées, créées selon quatre principes

  • Des accumulations à l’agencement soigné

  • Des accumulations en vrac

  • Des sculptures à partir de pièces de carrosserie

  • Des accumulations intégrées l’architecture

 Dans l’exposition, deux compositions rouges de 1974 qui reprennent le principe des Allures de 1958. L’artiste  dépose l’empreinte d’une pièce de moteur sur une toile à intervalles réguliers.

Arman dans la collection Renault

Composition, 1974
Huile sur toile avec empreintes d’objet, 149 x 200cm

Arman dans la collection Renault

Arman
Composition, 1974
Huile sur toile avec empreintes d’objet, 149 x 200cm

Il y a aussi trois grandes accumulations sous plexiglas, les seules oeuvres non numérotées.

 Deux d’entre elles sont des accumulations en vrac, fouillis de petits objets alors que la troisième est  composée de lignes régulières de ventilateurs . Concernant la composition, voilà ce que dit Arman : J’aide l’arrangement automatique des objets qui ont tendance à s’auto-composer eux – mêmes ou au contraire, je le défais. Je me sers de ce qu’il avait donné au départ et j’allège ou j’alourdis.

Arman dans la collection Renault

Arman
Accumulation d’éléments mécaniques, 1974
Cales dans plexiglas, 200 x 160 x 6 cm

Arman dans la collection Renault

Accumulation d’éléments mécaniques, 1974
Ventilateurs d’automobile sous plexiglas, 200 x 200 x 7 cm

Lors de sa collaboration avec Renault, Arman commence à créer avec des objets neufs, ce qui est un écart important dans son processus créatif  et passe aussi à la sculpture véritable, abandonnant la relation frontale à l’œuvre.

Arman dans la collection Renault

Accumulation Renault 162, 1968
Coupe de moteur dans plexiglas, 34 x 40 x 57 cm

Arman est un représentant du Nouveau réalisme

LE NOUVEAU REALISME

Le Nouveau Réalisme a été fondé en octobre 1960 par une déclaration commune dont les signataires sont Yves KleinArman, François Dufrêne, Raymond Hains, Martial Raysse, Pierre Restany, Daniel Spoerri, Jean Tinguely, Jacques de la Villeglé ; auxquels s’ajoutent César, Mimmo Rotella, puis Niki de Saint Phalle et Gérard Deschamps en 1961.

Ces artistes affirment s’être réunis sur la base de la prise de conscience de leur « singularité collective ». En effet, dans la diversité de leur langage plastique, ils perçoivent un lieu commun à leur travail, à savoir une méthode d’appropriation directe du réel. Leur travail collectif, des expositions élaborées ensemble, s’étend de 1960 à 1963, mais l’histoire du Nouveau Réalisme se poursuit au moins jusqu’en 1970, année du dixième anniversaire du groupe

L’apport théorique du critique d’art Pierre Restany est déterminant pour la formation du groupe.

Le terme de Nouveau Réalisme a été forgé par Pierre Restany à l’occasion d’une première exposition collective en mai 1960. En reprenant l’appellation de « réalisme », il se réfère au mouvement artistique et littéraire né au 19e siècle qui entendait décrire, sans la magnifier, une réalité banale et quotidienne. Cependant, ce réalisme est nouveau  car il ne s’identifie plus à une représentation par la création d’une image adéquate, mais consiste en la présentation de l’objet que l’artiste a choisi.

C’est un groupe hétérogène  d’artistes de générations différentes, chacun d’eux développant une démarche artistique spécifique. Ce qui les relie, c’est l’appropriation du réel

Arman dans la collection Renault

Arman
Larmes de fonte
Commande publique
Morne Rouge
Martinique

Une accumulation d’Arman, commande publique du Ministère de la culture et de la commune du Morne Rouge  a été installée dans les années quatre vingt dix

Arman explique sa démarche dans cette vidéo de l’INA

(cliquez sur le mot vidéo our lancer le film)


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