Cette nouvelle année méritait un petit hommage à Banksy qui nous a bluffé en se déjouant du mercantilisme de l'art. Je vous souhaite donc une année toute neuve, militante, enthousiaste et solidaire ! En 2019, plus que jamais, vous avez le pouvoir, celui de soutenir les artistes et les artisans d'art que vous aimez pour qu'ils vivent de leur travail. Même dans notre modernité connectée en quête d'instantanéité, j'ai fait le choix comme bien d'autres de retrouver dans les contraintes de l'impression en sérigraphie, un épanouissement, un aboutissement dans un travail parfois difficile et longuement réfléchi.
Si, avec tant d'autres, nous défendons la lithographie, la gravure, la sérigraphie, la presse typographique, c'est que nous ne n'avons pas l'impression du faire du neuf avec du vieux et encore moins de choisir la facilité ! Il y a au contraire, dans ces procédés manuels, un échange, un passage entre ce que l'on pense obtenir et ce qui se produit parfois par surprise, couleur après couleur. Il y a bien là une magie quand le travail graphique devient pictural sur le papier. C'est aussi un passage entre ce qui est imaginé par l'artiste et ce qui est crée par la main, le savoir-faire de l'imprimeur. Tant que vous aimez ce que vous faites, travailler en toute liberté donne envie de se réinventer, s'étonner chaque jour. Il y a aussi cette motivation qui tenaille, celle qui nous met un grand coup de pied au cul chaque matin pour nous dire que, finalement, tout va bien se passer...
J'ai trouvé dans ce labeur et l'obstination du bel objet, une réelle satisfaction. On me demande souvent : "c'est joli votre sérigraphie, ça prend combien de temps à faire ?" - "Ah bien, c'est une sérigraphie en 5 couleurs, j'ai du y passer une dizaine d'heures dessus" - "Ah ? ça veut dire quoi, vous avez vraiment passé 10 heures à imprimer la sérigraphie ?". Je réponds : 'bien oui, même plus !" Sur une de mes dernières réalisations en 11 couleurs, il aura fallu 40 heures de travail pour arriver au bout. Cette lenteur interpelle car elle parait déconnectée de notre époque. Derrière l'image sur le papier, il faut expliquer sans relâche la façon dont tout cela est fabriqué pour justifier sa valeur.
Rétrospectivement, 2018 fut réellement enthousiasmant ! Quand dans la même année, on publie un disque puis un livre, on se dit qu'elle était pas mal cette année ! Elle a débuté avec des sérigraphies pour le label No Format! et des créations graphiques pour le Trail Glazig et le Festiv'Art de Saint-Julien, suivi de la création et l'enregistrement du disque de Serge Aumont puis le travail sur la publication d'un livre en collaboration avec l'écrivain Betty Yon avec la réalisation de 12 illustrations dont certaines imprimées en sérigraphie.
Il y a eu aussi beaucoup d'autres créations graphiques notamment (entre autres) celles pour Le Crit Fixe, La journée de l'environnement, la Baie de Saint-Brieuc, la Ville de Quimperlé, Le Grand Pré et la Cie Gregoire & Co. Sans oublier des créations imprimées en sérigraphie pour Armel Brittany ainsi que plusieurs affiches de concert et de festivals pour La Citrouille : scène culturelle de Saint-Brieuc. Un beau projet de sérigraphie fut imprimé en juillet 2018 à partir d'une illustration de Julien Hugonnard-Bert : une sérigraphie éditée par Dezzig en hommage à Bowie. Enfin, après les séances de dédicace à Bécherel et la Fnac de Saint-Brieuc, l'année 2018 s'est achevée en beauté par une belle rencontre avec Mick Harvey (en concert à Lorient) et le tournage d'un reportage dans l'atelier... Pour finir, il me restait un énorme projet à livrer pour le musée de Cherbourg en collaboration avec l'illustrateur Romuald Reutimann : une sérigraphie 11 couleurs ! Ouch !
En 2019, achetez des œuvres originales ! Dans les mains des petits éditeurs, l'art est plus vivant que jamais. Vous pouvez choisir qui vous êtes et ce que vous faites. Mais tout cela reste fragile et Dezzig dépend de ceux qui me font confiance et me permettent de vivre de mon travail. J'ai une pensée amicale pour tous les artistes avec lesquels j'ai collaboré en 2018 : Julien Hugonnard-Bert, Philippe Bertho, Léo Finjean, Betty Yon, Romuald Reutimann et bien d'autres.
"Le monde est divisé en deux catégories, il y a ceux qui se limitent et ceux qui délimitent, moi je milite."