(À C.P.)
"I'm Faded...so lost"
- (A.F, G.G.P, A.W., J.B)
J'ai tout de suite aimé ce groupe.
D'abord leur nom: Flotation Toy Warning. À la fois quelque chose d'original, mais aussi une suggestion que le monde musical ne serait qu'un jouet dont il faudrait parfois se méfier. Et que si on lisait une lourdeur dans leur musique (c'est possible avec eux) tout ça ne serait que jeu de leur part.
La suggestion aussi de flottement, comme si on allait planer, ce qui est aussi vrai, sur leur musique.
Ensuite pour le FTW, imaginé dessiné sur la batterie de base du band qui peut plus souvent suggérer Fuck The World. Vous savez comment les rebelles me plaisent.
Finalement, et d'abord et avant tout, pour la musique.
Donald Pleasance, un acteur que seuls les fans de Woody Allen ou de vieux films d'horreur ( je suis des deux) pouvaient connaître en 2016. Ça aussi ça ma rejoint.
2016, c'est l'année que je les ai découverts. Dans le plafond. Oui, oui, dans le plafond. Pas les membres du groupe, leur musique, issue du plafond. Un couple d'amis, avec lesquels nous étions en vacances au Nouveau-Brunswick, avait ce bidule que l'on vissait au plafond, qui devenait aussi un diffuseur de musique, sur lequel on branchait une liste de lecture. Leur liste de lecture comprenait la chanson de FTW qui m'a vite fait faire du surplace entre deux circulations d'alcool.
Mais il y a aussi cette autre chanson, d'un an plus jeune, que j'ai appris à aimer davantage tous les jours depuis 2015. La féminité de la chose. Tenter d'atteindre, amis mâles, le pitch de Iselin Solheim. Impossible. Vous devez être Femme.
Et c'est justement d'une autre femme dont je veux vous parler. Une femme sous la mer. Je prends une longue route pour le faire. Comme elle a dû prendre une très longue route pour elle, nous parler de quelque chose, le 31 décembre dernier, quelques heures avant le décompte final du nouvel an.
Je tourne en rond, je sais. Cette amie a semblé choisir quelques amis triés parmi les siens sur Facebook pour nous parler de son année, de sa terrible année, où elle est passée par toutes les gammes d'émotions, en deuil de son père depuis trois ans maintenant, elle a dû en venir à terme avec plus lourd encore. Une/des agressions de ce même père, sur sa personne, quand elle n'avait que 9 ans.
Elle nous as longuement écrit tout ça, peut-être pas 100% à jeun, sur messenger, et ça m'a bouleversé. Ça arrivait de nulle part. C'était le cri d'une noyée. Alors qu'on se saoûlait entre amis. J'avais été témoin d'une certaine détresse sur le net de sa part, et ce message venait me dire pourquoi.
Elle était cicatrisée. À vie. La première blonde que je n'avais eu de ma vie (et vice-versa). Nous n'avions alors que 12 ans.
J'ai demandé à plusieurs amis communs: "Vous avez reçu un message de Miss P.?".
Non. Nous étions quelques uns, choisis.
Déconcerté, j'ai accroché un bouton émoticône de "pouce par en bas". DAMNATION! Je lui ai tout de suite écrit ma mégarde et lui ai offert tout mon support et mes meilleurs voeux pour 2019.
Elle m'a répondu par un sympathique "hihihi".
Extrêmement contrastant sur son message précédent qui a dû être extraordinairement lourd à livrer.
Mais libérateur aussi.
Lourdeur et jeu, en deux textes. Un très long et un autre de 6 lettres.
J'ai presque cru que c'était la boisson du jour de l'an qui lui faisait écrire l'un et l'autre message. C'est possible. La boisson libère bien des cadenas intérieurs.
Tout ça voulait aussi dire que lorsque que nous avions été "amoureux" à 12 ans, elle vivait avec cette fêlure intérieure. Que lorsqu'on s'est retrouvé, à la même école secondaire, à 16-17 ans, elle avait ce monstre intérieur, toujours dans le coeur. Que lorsqu'elle a travaillé avec ma mère et ma soeur, dans le milieu scolaire, elle cachait ce poids moral et physique.
Que tenant la main de son père mourant, il y a trois ans, elle le maudissait aussi.
Que lorsque je l'ai vue pour la dernière fois, elle était en compagnie de son partenaire de vie, un homme beaucoup plus âgé qu'elle...
Je n'ai pas beaucoup cessé de pensé à elle depuis le 31.
La musique ne venait plus du plafond. Mais du fond des mers.
La mer tume.
J'espère qu'elle a maintenant la tête dignement hors de l'eau.
Where are you now?